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Il y a 15 ans le blockbuster de
Roland Emmerich avec Jean Réno faisait de Godzilla un lézard iradié suite aux
essais nucléaires de l’armée française dans le Pacifique. Soit une trahison par
rapport au monstre ancestral apparu dans la série de films japonais des années
50. L’accueil globalement négatif reçu par le film appelait une nouvelle
version plus fidèle à la franchise, rôle tenu par le film de Gareth Edwards,
britannique recruté après le succès de son premier long métrage indépendant Monsters.
Autant le dire tout de suite, ce Godzilla est une déception. La version
des années 90, loin d’être un chef d’œuvre, se regardait au moins comme un
plaisir coupable. Celle des années 2010, si elle se veut plus sérieuse, tombe
néammoins dans les pires clichés des films catastrophe, et ce dès les premières
minutes : sachant qu’un protagoniste doit fêter son anniversaire, doit-il vraiment se rendre à
son travail où un accident va probablement arriver et bouleverser ses plans de
festivité ?. A mesure que le film avance, l’absence de réelle profondeur
des personnages, au mieux réduits à leur fonction dramatique (explicative pour
celui incarné par Ken Watanabe, moteur de l’action pour celui joué par Aaron
Talor-Johnson), au pire inutiles (l’assistante de Ken Watanabe, le chef
militaire), pose problème. Le seul protgoniste un peu approfondi, incarné par
Bryan Cranston, est malheureusement assez vite évacué de l’intrigue. Dans un
récit qui suit ses créatures numériques stars de façon programmatique, tous les
acteurs sont sous- exploités.
Et d’ailleurs qu’en est-il de ces créatures monstrueuses ? Eh bien, sous prétexte d’une montée du film en puissance, elles sont souvent réléguées au hors-champ et n’apparaissent durablement que lors des dernières vingt minutes du film, climax tout juste acceptable après plus d’1 heure 30 d’ennui. Le film crée malgré lui un sentiment de frustration récurrent, où les promesses de scènes spectaculaires (un affrontement titanesque à Hawaï, la destruction de Las Vegas) aboutissent systématiquement à une coupe brutale. Il convient de concéder que le tout est assez élégant visuellement, du point de vue de la mise en scène et des effets spéciaux, mais cela ne suffit pas à faire de Godzilla un divertissement à la hauteur. Finalement on en vient à regretter les films pop corn « décérébrés » des années 90.