19/05/2016

Captain America - Civil War : on passe aux choses sérieuses ?


3 / 5

Pour les superhéros au cinéma, la période est aux doutes et remises en question. Le point de départ du dernier film Marvel est en effet proche de celui de Batman v Superman. Comme on reprochait au héros kryptonien les destructions occasionnées par son affrontement dans Metropolis à la fin de Man of Steel, les Avengers doivent faire face aux dommages collatéraux de leurs interventions musclées. La bande de Steve Rogers et Tony Stark est donc obligée de choisir entre la retraite forcée ou le contrôle par les autorités internationales. Le retour du Soldat de l’hiver, ancien ami de Captain America devenu assassin, vient encore compliquer la situation.


13ème film de l’univers cinématographique Marvel, Captain America : Civil War est aussi le premier film de sa phase 3. L’occasion est donc idéale pour un changement de schéma narratif qui viendrait bouleverser la routine dans laquelle sont tombées des productions Marvel. Aprèsun second volet des Avengers confus et un Ant-Man sympathique maisanodin, les frères Russo sont les candidats tout désignés pour relancer les enjeux dramatiques d’une série de films au long cours, et apporter des idées nouvelles. Ils l’avaient déjà fait avec un talent certain dans Captain America : le Soldat de l’hiver, et c’est à eux que reviendra de chapeauter le final (provisoire) de la saga Avengers en forme de dyptique prévu pour 2018 et 2019.



Et Captain America : Civil War tient ses promesses dans une première partie plutôt bien ficelée où les scissions se font ressentir et trouvent pleinement leurs justifications dans le camp des héros. La question du contrôle des Avengers est difficile à trancher, et chacun des personnages apporte des arguments valables à sa position. La caractérisation des nombreux protagonistes est un des atouts majeurs du film, et leur gestion équilibrée efface le mauvais souvenir laissé par l’Ere d’Ultron. Ce traitement vaut aussi pour un Black Panther charismatique parfaitement intégré au récit. La relative absence d’humour est aussi salutaire, donnant l’impression que les productions Marvel sont enfin prêtes à passer aux choses sérieuses après avoir un peu trop tiré sur la corde du « fun ». Quelques éléments viennent bien modérer l’enthousiasme, tels qu’un énième méchant sous-développé ou des chorégraphies de scènes d’action plus brouillonnes que celles du Soldat de l’hiver, mais l'optimisme est de mise.



Malheureusement le tout se gâte avec l’arrivée du personnage emblématique de Marvel, sur lequel Disney a repris la main après l’avoir laissé pendant 15 ans à Sony. Trop contents de leur coup, les studios s’en donnent à cœur joie avec un Spiderman qui enchaîne vanne sur vanne. Rien de choquant, cela fait partie de l’ADN du personnage dans les comics, mais l’ajout inopiné d’Ant-Man fait dangereusement monter le blaguomètre. Les vannes du fun sont lâchées et on a du mal à prendre au sérieux la guéguerre entre les 12 superhéros, à 6 contre 6 par le plus heureux des hasards. Comme le remarque Black Widow alors que les deux camps courent l’un vers l’autre pour s’affronter : « On va vraiment faire ça ? ». Après la blague méta flemmarde, place donc à un grand spectacle qui contient quelques bonnes idées de mise en scène mais relève au niveau dramatique du fantasme de gamin peu regardant.



Les frères Russo ont beau ranger les jouets de façon expéditive pour un dernier acte recentré sur une poignée de personnages, le mal est fait. Marvel Studios a encore une fois joué la carte du divertissement sans surprise ni réel engagement, donnant une image immature et réductrice du média dont sont inspirés leurs franchises.  



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