16/02/2012

Le marin masqué / Un monde sans femmes : vacances et amours brèves

Le marin masqué : 3,5 / 5
Un monde sans femmes : 4 / 5

Y a-t-il une place dans les cinémas pour les courts ou moyens métrages? La sortie simultanée du Marin masqué (38 minutes) et d' Un monde sans femmes (qui fait un peu moins d'1 heure) mercredi dernier, bien que sur un nombre de copies restreintes, répond par l'affirmative de belle manière. Les films de Sophie Letourneur et Guillaume Brac retrouvent en effet avec bonheur l'esprit et la fraîcheur naturaliste du cinéma d' Eric Rohmer et Jacques Rozier, l'euphorie et la nostalgie des marivaudages de vacances.



Dans Le marin masqué, un couple de filles, Laetitia et Sophie, partent pour le week-end à Quimper : la belle complicité qui les unit, leur franc-parler nous les rendent immédiatement attachantes comme pouvaient l'être les trois amies de Du côté d'Orouët de Rozier. Le rapport intime construit avec le spectateur tient aussi à la forme singulière du film, Laetitia et Sophie semblant commenter en off un film de vacances tourné en noir et blanc super-8, qu'elles post-synchronisent simultanément avec plus ou moins d'exactitude. Jouant de ce double décalage temporel et formel et de dialogues d'un naturel confondant comme ressorts comiques, le film navigue aussi vers une mélancolie émouvante, celle des amours de jeunesse qui font se demander "Et si ?". On pourra reprocher au dispositif esthétique de s'essouffler un peu à la longue et à la narration de s'enliser par moments dans l'ennui de ses deux héroïnes désœuvrées, mais rien que pour une magnifique balade finale en voilier Le marin masqué est hautement recommandable.


Un monde sans femmes, premier film de Guillaume Brac, est quant à lui un coup de maître dans le registre de la comédie douce amère chère à Eric Rohmer, sur la beauté et la cruauté des jeux de l'amour . Il est précédé d'un court-métrage Le naufragé introduisant le personnage principal de Sylvain, trentenaire célibataire faute de trouver une compagne dans la ville du Nord vieillissante où il habite : dégarni aux cheveux longs, un peu enrobé, le metteur en scène  de théâtre Vincent Macaigne incarne cet antihéros fragile, dont la maladresse burlesque nous le rend d'emblée sympathique. Alors qu'il se retrouve à louer un appartement à deux parisiennes séduisantes, on pense au Bernard Menez dépassé confronté aux trois filles dans Du côté d'Orouët. Construit autour de ce très beau personnage de cinéma atypique, le film alterne brillamment moments de pure comédie et scènes touchantes où pointe le désarroi d'un groupe de protagonistes en mal d'amour. La mise en scène précise de Brac et des dialogues savoureux servis par des acteurs inconnus mais tous excellents produisent un enthousiasme rare. On ne quitte qu'à regret ce monde sans femmes, modèle de légèreté et de délicatesse.

2 commentaires:

  1. Sérieux ? Le court qu'on est allés voir aux Buttes Chaumont ? Elles ont fait du chemin, les petites...

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  2. Oui, mais en fait c'était quand même fait par la réalisatrice de "La vie au ranch" qui avait rencontré un bon accueil, du moins au niveau de la presse. Donc ce n'est pas vraiment une affaire de débutantes ...

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