Expendables : 1 / 5
Après
Rocky Balboa et John
Rambo où il incarnait et
mettait en scène pour un dernier tour de piste les héros
emblématiques qui l'ont rendu célèbre, Expendables
constituait pour Stallone la
touche finale d'un retour au premier plan cinématographique. Le
casting exceptionnel du film (Jason Statham, Jet Li, Dolph Lundgren,
Mickey Rourke et des cameos de Bruce Willis et Arnold Schwarzenegger)
laissait présager un divertissement d'anthologie. Expendables
se montrait finalement en deçà de cette attente mais était un
divertissement honnête où la conviction des acteurs jouait pour
beaucoup. De quoi justifier une suite qui s'annonçait plus
spectaculaire, avec à la clef des prestations moins éclair pour
Willis et Scwarzenegger et l'arrivée des mythiques Jean-Claude van
Damme et Chuck Norris. Hélas, Expendables 2,
loin des promesses de son casting alléchant, est bel et bien un
ratage à classer dans le rayon série Z pénible.
La
séquence de pré-générique à la « James
Bond » annonce d'office la couleur : ici aucune finesse mais
des hommes de main exécutés par groupe avec moult éclaboussures de
sang. Alors que les corps des pauvres cibles mouvantes s'agitent
avant de s'écrouler, on ne peut s'empêcher de penser à ces plans
récurrents de « nanars » où des soldats ennemis tombent
sous les balles de héros invincibles. Peu de plaisir de mise en
scène dans cette ouverture, Simon West (déjà réalisateur des très
moyens Ailes de l'enfer
et Tom Raider) n'ayant
pas le temps de s'arrêter pour organiser tout ce chaos. On a juste
droit à des plans d' insert récurrents sur Stallone au volant de
son véhicule pour nous assurer qu'il est bien présent. Si un moment
était à sauver de cette première séquence ce serait un plan où
Jet Li maîtrise des adversaires à coup de casseroles ; on se dit
alors que grâce à ce maître des arts martiaux le métrage pourra
au moins offrir quelques soubresauts de plaisir. C'est compter sans
son départ précipité à la dixième minute du film. Et n'insistez
pas il ne reviendra pas.
Cette
curieuse disparition permet de mettre le doigt sur le vrai problème
de Expendables 2. Les
stars réunies ici se sont-elles déplacées pour autre chose qu'un
généreux cachet ? Si l'investissement de Stallone et la bande du
premier opus (moins Jet Li et Mickey Rourke) n'est pas forcément à
questionner, la participation d'autres « action stars »
au projet est plus douteuse. Le cas Chuck Norris est à ce point de
vue épineux : si son entrée en scène est plutôt réussie bien
qu'attendue, on déchante vite puisqu'il s'éclipse presque aussitôt
pour ne revenir que dans un final interminable au montage hystérique,
en compagnie de Willis et Schwarzenegger. On pourrait presque
reconstituer le planning de tournage du film en se fondant sur la
présence ou l'absence de certains acteurs coûteux à l'écran.
Ces
détails de production passeraient évidemment inaperçus s'il n'y
avait l'indigence de l'ensemble. La présence de trois auteurs pour
l'écriture du synopsis relève assurément d'une affaire louche
d'emplois fictifs car comment expliquer sinon l'absence de profondeur
des personnages et la pauvreté des dialogues (quand les
protagonistes ont droit à la parole, ayant cru pour ma part que
celui incarné par Randy Couture était muet pendant une bonne
demi-heure). Les échanges se résument pour la plupart à des vannes
entre potes qui brisent allégrement toute illusion de fiction en
faisant référence aux acteurs incarnant les personnages. Le
dispositif pourrait être amusant si tout cela n'était pas un peu
facile et arbitraire : Willis reprend la « catchphrase »de
Schwarzenegger tandis que ce dernier s'écrit « Yippikae »
sans raison apparente, le personnage de Lundgren est docteur en
chimie mais ses talents ne sont utilisés que pour des gags paresseux
qui tombent à plat. Cependant cela vaut toujours mieux que la
nullité hyperbolique atteinte lors de moments « sérieux »,
comme lorsque Liam Hemsworth fait le récit d'une journée sanglante
en Irak qui trouve son point d'orgue dans une conclusion qui ferait
pâlir d'horreur les membres de la SPA.
A
la fin du film, Willis demande « C'était bien hein? ».
Ce à quoi Stallone lui répond « C'était pas mal... ».
Si l'auto-persuasion peut aider ces stars autrefois adorées
à juste titre à dormir du sommeil du juste, tant mieux pour elles.
Mais elles viennent de participer à l'arnaque de l'année.
En
bref : à fuir.
C'est Randy Couture et non Xavier Couture!
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