Ted : 3 / 5
Créateur-auteur-acteur
prolifique à la tête des séries animées Les Griffin, American
Dad ! et The Cleveland
Show, Seth MacFarlane se lance
avec Ted dans le
long-métrage en prises de vue réelles. Les recettes
impressionnantes enregistrées par le film aux États-Unis (malgré
son interdiction aux moins de 16 ans) ne sont pas vraiment
surprenantes tant son réalisateur-scénariste y reprend les
ingrédients qui ont fait le succès de ses œuvres pour la
télévision. L'angle choisi par MacFarlane est celui d'un léger
décalage avec le réel qui permet la satire décomplexée ; Ted,
l'ours en peluche qui prend vie, succède en quelque sorte à Brian,
le chien anthropomorphique des Griffin, ou à Roger, l'extraterrestre
qui vit caché parmi la famille d' American Dad !
Ted
s'ouvre comme un conte de Noël. John est un enfant seul qui a du mal
à se faire des amis et fait le vœu que sa peluche prenne vie. Le
miracle se produit et le rêve de milliers d'enfants se réalise pour
notre jeune héros. On n'est pas loin de l'innocence Disney, si ce
n'est quelques anomalies : Noël est ainsi l'occasion de frapper à
plusieurs un camarade juif et le jouet animé est d'abord associé à
l'œuvre de Satan par les parents de John terrifiés. La fin du
pré-générique annonce le ton qui sera celui de la suite du
métrage. Après l'émerveillement initial, Ted ne suscite finalement
que l'indifférence générale, tout comme « Frankie Muniz ou
Justin Bieber ». Une vingtaine d'années plus tard, John (Mark
Wahlberg) cohabite toujours avec son ours en peluche devenu vulgaire
et feignant (Macfarlane en version originale, JoeyStarr pour la
version française), au grand dam de la compagne de John (Mila
Kunis). Dès lors, le film s'inscrit dans un registre de comédie
combinant amitié et relations amoureuses, dans la lignée des
productions Judd Apatow ou de Very Bad Trip.
La
puissance comique de Ted tient
à un sens de l'absurde et du détournement, en poussant jusqu'au
bout l'irrévérence de son protagoniste éponyme. Comme John, Ted
est sommé de passer à l'âge adulte, en trouvant notamment un
travail qui lui permettra de s'assumer seul : la façon dont le
personnage refuse de se conformer aux règles et les réactions de
son employeur font l'objet de quelques scènes hilarantes. Marginal
par sa nature, Ted n'a aucune limite et porte une énergie comique
féroce et chaotique. Au sommet du principe de destruction jouissif
du métrage, on a droit à une fête délirante où sont conviées
deux « guest stars » de choix et à un face-à-face
épique dans une chambre d'hôtel.
Ces
éruptions délirantes réussies permettent à Ted de
remplir sa mission de divertissement efficace, mais l'ensemble est
malheureusement un peu en deçà des promesses de l'originalité du
concept de départ. Le récit du film est de fait assez conventionnel
et attendu, jusqu'à tomber dans le cliché d'une course-poursuite
inutile et d'une fin trop formatée. Malgré son casting d'acteurs
sympathiques (Wahlberg, Kunis mais aussi Joel McHale de la formidable
série Community), le
métrage peine à vraiment toucher à cause de personnages qui
manquent de véritable profondeur. On préférera aux protagonistes
réalistes un peu fades qui s'agitent autour de Ted ceux haut en
couleur des séries de Macfarlane, qui gagnent en épaisseur
d'épisode en épisode.
En
bref : une petite déception mais un divertissement efficace malgré
tout.
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