13/06/2014

Maps to the Stars : une promenade soporifique à Hollywood

2 / 5

Etrange choix du jury de Cannes d’avoir remis le prix d’interprétation à Juliane Moore pour Maps to the Stars, en refusant à Marion Cotillard une récompense qui s’imposait pour Deux jours, une nuit. Non pas que Juliane Moore soit une mauvaise actrice, loin de là : ses différentes performances, de The Hours à Loin du Paradis en passant par le culte The Big Lebowski et le méconnu Safe, juqsqu’au récent Don Jon qu’elle illumine de sa présence, en font au contraire une des actrices les plus intéressantes du cinéma américain. Mais le rôle caricatural et grotesque qu’elle joue dans Maps to the Stars n’est pas franchement à la mesure de son talent, et ne sauve pas de l’ennui le dernier opus interminable de David Cronenberg.


Le métrage précédent du cinésate canadien, Cosmopolis, n’était déjà pas palpitant au niveau narratif et se résumait à une série de discussions assez absonces sur le monde moderne, mais le film avait au moins pour lui le mérite de dégager une certaine fascination, entre le dispositif esthétique du cocon high-tech de la limousine dans laquelle naviguait Robert Pattinson et la bande-son hypnotique de Howard Shore. De passager trader, Pattinson est relégué pour Maps to the Stars au statut de chauffeur-acteur aspirant scénariste, un des multiples protagonistes qui peuplent le film choral de Cronenberg. On y retrouve entre autres une actrice vivant dans l’ombre de sa défunte mère (Moore), un coach de vie gourou (John Cusak), un enfant star dépravé et Agatha, une mystérieuse jeune brûlée (Mia Wasikowska).

Le problème du film est que mis à part le personnage d’Agatha, aucun des personnages ne semble trouver grâce aux yeux de Cronenberg et son scénariste. Le reste des protagonistes ont en commun une monstruosité intériorisée, qui si elle est d’abord amusante s’avère rapidement répétitive et lassante. La charge farcesque anti-Hollywood du film manque cruellement de finesse en se focalisant sur la petitesse des « has been » ou les charlatans qui gravitent autour de Los Angeles. On cherchera en vain un quelconque reste de l’Hollywood machine à rêve qui avait nourri le chef d’œuvre d’un autre David cinéaste culte, Mulholland Drive. Chez Lynch on ressentait le désir et la fascination ; chez Cronenberg il n’y a que du mépris.


Maps to the Stars est donc une œuvre cynique sur Hollywood, mais très loin des réussites du genre que sont The Player ou Swimming with Sharks. Mis en scène platement, le film de Cronenberg se soucie assez peu d’enjeux dramatiques et suit son bonhomme de chemin, s’intéressant à un personnage puis à un autre, avant un dernier acte précipité peu satisfaisant. Mise en abyme (consciente ou non) du projet du cinéaste et de son scénariste, une des scènes finales a recours à des effets spéciaux d’une laideur hallucinante, tout juste à la hauteur des balbutiements infographiques des années 80. Maps to the Stars serait donc finalement un film sur la laideur et le mauvais goût, mais d’une platitude lisse qui laisse indifférent.

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