Moonrise
Kingdom : 4 / 5
Après La famille Tenenbaum, La
vie aquatique ou A bord du Darjeeling limited, Wes Anderson retrouve
avec Moonnrise Kingdom l'univers coloré aux personnages dépressifs qui
est sa marque de fabrique.
Le réalisateur texan ne réinvente pas ici son
système esthétique, mais force est de constater que son style produit toujours
un charme indéniable. Et s'il y a encore un aspect poseur et affecté dans son
cinéma (dont l'illustration la plus frappante est l'ouverture du film où les
personnages semblent s'affairer dans une maison de poupée gigantesque), Moonrise Kingdom témoigne d'une vigueur nouvelle chez Anderson.
Avec
ce récit d'une fugue de deux enfants solitaires et marginaux qui découvrent
l'amour, l'auteur trouve une émotion qui manquait souvent à son œuvre : les
scènes où le jeune couple se construit une utopie à la Robinson Crusoe dans la
nature illustrent à merveille l'innocence troublée de l'adolescence. Derrière
la joliesse, Anderson parvient à faire sourdre une violence (lors d'un montage
rapide des affrontements des deux enfants avec leur entourage) qui trouve sa
pleine mesure dans un déluge final ; pour la première fois le réalisateur
semble alors mettre à mal le cadre un peu trop sage qui lui est
caractéristique. Les compositions fantastiques de Benjamin Britten tirent quant
à elle Moonrise Kingdom vers une féerie des plus enchanteresses.
Un thème récurrent de la musique de Britten est la perte de l'innocence: "The ceremony of Innocence is drowned" (W. B. Yeats). Il y a aussi de cela dans ce film qui est parfaitement illustré par la musique
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