02/07/2012

Derniers jours à l'écran (2) : Cosmopolis


Cosmopolis : 3 / 5

Cosmopolis a beau être reparti bredouille du festival de Cannes, on peut lui décerner haut la main la palme de la bande-annonce mensongère de l'année. Vendu comme un polar tendu et halluciné, le dernier film de David Cronenberg est aux antipodes de cette promesse.


Si le caractère verbeux de A Dangerous Method était pleinement justifié par son sujet (la psychanalyse), les dialogues souvent abscons de Cosmopolis trahissent la source littéraire du film : le réalisateur canadien reconnaît avoir repris texto les dialogues du roman de Don De Lillo. Si le talent de l'écrivain à traduire l'absurdité d'un capitalisme qui brasse du vide est indéniable, la complexité des concepts qu'il développe demande un temps d'arrêt et de réflexion qui n'est pas permis au cinéma. Le métrage s'offre alors comme une suite de vignettes dialoguées qui sont cohérentes au niveau de leurs thèmes mais peinent à trouver une force dramatique.

Dommage car Cosmopolis possède des qualités indéniables. Toute la première heure du métrage, qui se déroule quasiment en huis clos dans la limousine du 'golden boy' Eric Parker (Robert Pattinson) est fascinante d'un point de vue formel. La distance entre le héros et le monde alentours en crise trouve son expression idéale dans son véhicule, à la fois cocon protecteur et tombeau où règne un silence de mort. Entre une scène de sexe avec une Juliette Binoche toute en sensualité et une coloscopie opérée devant une collaboratrice de Parker, Cronenberg parvient à trouver une nouvelle forme stimulante à l'alliance entre l'organique et le virtuel (symbolisé par les écrans aux graphes abstraits qui parsèment l'intérieur de la limousine) développée tout au long de son œuvre (de Vidéodrome à ExistenZ)

 
Robert Pattinson est parfait en représentant du capitalisme placé devant son obsolescence et la bande originale de Howard Shore et Metric est une des meilleures de l'année. Ces atouts permettent à Cosmopolis de se hisser un peu au dessus de la moyenne, malgré son aspect trop théorique et une scène finale interminable et décevante.

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