Cosmopolis
: 3 / 5
Cosmopolis
a beau être reparti bredouille du festival de Cannes, on peut lui
décerner haut la main la palme de la bande-annonce mensongère de
l'année. Vendu comme un polar tendu et halluciné, le dernier film
de David Cronenberg est aux antipodes de cette promesse.
Si
le caractère verbeux de A Dangerous Method
était pleinement justifié par son sujet (la psychanalyse), les
dialogues souvent abscons de Cosmopolis
trahissent la source littéraire du film : le réalisateur canadien
reconnaît avoir repris texto les dialogues du roman de Don De Lillo.
Si le talent de l'écrivain à traduire l'absurdité d'un capitalisme
qui brasse du vide est indéniable, la complexité des concepts qu'il
développe demande un temps d'arrêt et de réflexion qui n'est pas
permis au cinéma. Le métrage s'offre alors comme une suite de
vignettes dialoguées qui sont cohérentes au niveau de leurs thèmes
mais peinent à trouver une force dramatique.
Dommage car Cosmopolis
possède des qualités indéniables. Toute la première heure du métrage,
qui se déroule quasiment en huis clos dans la limousine du 'golden
boy' Eric Parker (Robert Pattinson) est fascinante d'un point de vue
formel. La distance entre le héros et le monde alentours en crise
trouve son expression idéale dans son véhicule, à la fois cocon
protecteur et tombeau où règne un silence de mort. Entre une scène
de sexe avec une Juliette Binoche toute en sensualité et une
coloscopie opérée devant une collaboratrice de Parker, Cronenberg
parvient à trouver une nouvelle forme stimulante à l'alliance entre
l'organique et le virtuel (symbolisé par les écrans aux graphes
abstraits qui parsèment l'intérieur de la limousine) développée
tout au long de son œuvre (de Vidéodrome
à ExistenZ).
Robert
Pattinson est parfait en représentant du capitalisme placé devant
son obsolescence et la bande originale de Howard Shore et Metric est
une des meilleures de l'année. Ces atouts permettent à Cosmopolis
de se hisser un peu au dessus de la moyenne, malgré son aspect trop
théorique et une scène finale interminable et décevante.
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