23/05/2012

The Day He Arrives : ennui poseur au pays du matin calme


 The Day He Arrives : 2,5 / 5

Depuis l'émergence du cinéma sud-coréen à la fin des années 90, on a pu en dégager deux tendances : d'un côté, des films au budget conséquent et à la mise en scène brillante dont trois auteurs emblématiques (Bong Joon-ho, Park Chan-wook, Kim Jee-woon) sont en train de réaliser leurs premiers projets américains ; de l'autre, un courant intimiste dont Hong Sang-soo est un des représentants les plus prolifiques. Tant et si bien qu'il est devenu un habitué du festival de Cannes : si In Another Country est cette année en compétition officielle, Hahaha avait remporté le prix « Un Certain Regard » il y a deux ans tandis que The Day He Arrives, présenté l'année dernière dans la même catégorie, vient de sortir sur nos écrans. Et, au vu de cet avant-dernier opus, on est en droit se demander si le cinéaste n'aurait pas intérêt à ralentir sa cadence de production.




Yoo, cinéaste exilé à la campagne et qui ne tourne plus de films, revient pour quelques jours à Séoul où il a passé sa jeunesse. Entre ses retrouvailles avec une « ex » ou un ami et des rencontres de hasard, le film suit l'errance de son personnage principal dans la capitale coréenne, ponctuée de scènes de repas ou de beuveries. Les dialogues y sont sous l'influence d'Éric Rohmer, associant échanges intellectuels sur la vie et confessions intimes à des jeux de séduction.

Si The Day He Arrives parvient à renouer ponctuellement avec la légèreté charmante de l'auteur des Contes moraux, un sentiment d'ennui s'installe et fait paraître sa courte durée (1h20) bien longue. Face au manque d'enjeu dramatique qui se fait vite sentir et à l'aspect répétitif du film (décors récurrents, banalités échangées lors des rencontres de hasard), même s'ils sont tous deux intentionnels et rendent compte du désœuvrement des personnages, le spectateur perd patience.
D'autant plus que le film souffre d'une mise en scène plate, parfois proche de l'amateurisme avec ses zooms aléatoires. Le noir et blanc sert alors de remède esthétisant un peu facile, qui relève autant de la pose artistique que l'utilisation de la voix off de Yoo, inutilement explicative et peu convaincante. Hong Sang-soo se positionne en observateur distant des rapports humains, comme Rohmer, mais est loin d'avoir la verve de son prédécesseur, se contentant d'une trouvaille amusante sur le moyen imparable de faire la description juste d'un caractère.



Tourné en sept jours avec un scénario écrit au fur et à mesure, The Day He Arrives manque donc de rigueur formelle et scénaristique. C'est dommage car Hong Sang-soo s'avère un très bon directeur d'acteurs (tous convaincants) et sait créer des ruptures de ton et des décalages intéressants. Il en va ainsi de la scène où Yoo boit avec des étudiants en cinéma et se montre complice avant de les laisser en plan de façon burlesque; d'un plan lors de sa visite à un amour abandonné où les acteurs passent de la distance polie à un épanchement soudain et comique; de la façon maladroite dont un homme dévoile son amour pour sa meilleure amie en dressant ses qualités sur un ton colérique. Ces moments sont malheureusement trop épars pour faire de Hong Sang-soo le meilleur prétendant au titre d'héritier d'Éric Rohmer. On lui préférera dans cette catégorie Guillaume Brac et son formidable Un monde sans femmes.

En bref  : dispensable


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