The Day He Arrives : 2,5 / 5
Depuis
l'émergence du cinéma sud-coréen à la fin des années 90, on a pu
en dégager deux tendances : d'un côté, des films au budget
conséquent et à la mise en scène brillante dont trois auteurs
emblématiques (Bong Joon-ho, Park Chan-wook, Kim Jee-woon) sont en
train de réaliser leurs premiers projets américains ; de l'autre,
un courant intimiste dont Hong Sang-soo est un des représentants
les plus prolifiques. Tant et si bien qu'il est devenu un habitué du
festival de Cannes : si In Another Country est cette année en
compétition officielle, Hahaha avait remporté le prix « Un
Certain Regard » il y a deux ans tandis que The Day He
Arrives, présenté l'année dernière dans la même catégorie,
vient de sortir sur nos écrans. Et, au vu de cet avant-dernier
opus, on est en droit se demander si le cinéaste n'aurait pas
intérêt à ralentir sa cadence de production.
Yoo,
cinéaste exilé à la campagne et qui ne tourne plus de films,
revient pour quelques jours à Séoul où il a passé sa jeunesse.
Entre ses retrouvailles avec une « ex » ou un ami et des
rencontres de hasard, le film suit l'errance de son personnage
principal dans la capitale coréenne, ponctuée de scènes de repas
ou de beuveries. Les dialogues y sont sous l'influence d'Éric
Rohmer, associant échanges intellectuels sur la vie et confessions
intimes à des jeux de séduction.
Si
The Day He Arrives parvient à renouer ponctuellement avec la
légèreté charmante de l'auteur des Contes moraux, un
sentiment d'ennui s'installe et fait paraître sa courte durée
(1h20) bien longue. Face au manque d'enjeu dramatique qui se fait
vite sentir et à l'aspect répétitif du film (décors récurrents,
banalités échangées lors des rencontres de hasard), même s'ils
sont tous deux intentionnels et rendent compte du désœuvrement des
personnages, le spectateur perd patience.
D'autant plus que le film
souffre d'une mise en scène plate, parfois proche de l'amateurisme
avec ses zooms aléatoires. Le noir et blanc sert alors de remède
esthétisant un peu facile, qui relève autant de la pose artistique
que l'utilisation de la voix off de Yoo, inutilement explicative et
peu convaincante. Hong Sang-soo se positionne en observateur distant
des rapports humains, comme Rohmer, mais est loin d'avoir la verve de
son prédécesseur, se contentant d'une trouvaille amusante sur le
moyen imparable de faire la description juste d'un caractère.
Tourné
en sept jours avec un scénario écrit au fur et à mesure, The
Day He Arrives manque donc de rigueur formelle et scénaristique.
C'est dommage car Hong Sang-soo s'avère un très bon directeur
d'acteurs (tous convaincants) et sait créer des ruptures de ton et
des décalages intéressants. Il en va ainsi de la scène où Yoo
boit avec des étudiants en cinéma et se montre complice avant de
les laisser en plan de façon burlesque; d'un plan lors de sa visite
à un amour abandonné où les acteurs passent de la distance polie à
un épanchement soudain et comique; de la façon maladroite dont un
homme dévoile son amour pour sa meilleure amie en dressant ses
qualités sur un ton colérique. Ces moments sont malheureusement
trop épars pour faire de Hong Sang-soo le meilleur prétendant au
titre d'héritier d'Éric Rohmer. On lui préférera dans cette
catégorie Guillaume Brac et son formidable Un monde sans femmes.
En bref : dispensable
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire