3,5 / 5
On the ice est le premier film d’Andrew O. MacLean, cinéaste originaire d’ Alaska. Le film, lui-même le développement d’un court-métrage du réalisateur récompensé au festival de Sundance 2008, s’est vu décerner la récompense du meilleur premier film à la Berlinale de 2011. On peut s’étonner de ses récompenses au vu de l’ intrigue pour le moins classique du film : deux jeunes doivent cacher leur responsabilité dans la mort accidentelle d’un de leurs amis. Mais c’est que l’originalité provient plutôt du cadre où se déroule le drame et des membres de la population inuit qui en sont les protagonistes.
On the ice est le premier film d’Andrew O. MacLean, cinéaste originaire d’ Alaska. Le film, lui-même le développement d’un court-métrage du réalisateur récompensé au festival de Sundance 2008, s’est vu décerner la récompense du meilleur premier film à la Berlinale de 2011. On peut s’étonner de ses récompenses au vu de l’ intrigue pour le moins classique du film : deux jeunes doivent cacher leur responsabilité dans la mort accidentelle d’un de leurs amis. Mais c’est que l’originalité provient plutôt du cadre où se déroule le drame et des membres de la population inuit qui en sont les protagonistes.
Suivant le désir de MacLean de « faire un film très contemporain pour raconter l’Arctique d’ aujourd’hui »[1], On the ice prend d’abord la forme d’une fiction documentaire sur les jeunes de la région. Le spectateur découvre les personnages par le biais de l’exotisme : la première scène est ainsi un spectacle musical de danse en costume chargé de culture, proche du rite communautaire. Mais très vite le film associe à ces différences culturelles (la chasse aux phoques, le « vrai » repas de viande crue) la modernité de l’anglais américanisé parlé par les jeunes, leurs démarches et codes vestimentaires familiers. La synthèse entre proximité et éloignement s’opère via le hip hop, où les jeunes s’approprient des codes musicaux contemporains tout en évoquant leur environnement atypique, le désert de glace qui les entoure.
Les protagonistes de cette fiction documentaire sont interprétés par des jeunes Inuits non professionnels, choix qui s’avère payant dans le naturel dont ils font preuve en évoluant dans un environnement connu. Une fois ce cadre réaliste posé, l’extraordinaire de la fiction se produit en dehors dans l’espace sauvage, l’immensité déserte qui entoure l’espace réduit de la civilisation connue. Le héros, Qalli, assiste d’abord à une dispute entre deux de ses amis de loin, comme un mirage dans un espace de blanc immaculé. Les éléments s’enchaînent alors, jusqu’ à la mort de l’un deux dans une bagarre chaotique sans que l’origine du conflit soit jamais découverte. A partir de la tâche rouge sang laissée par le corps, le film prend le virage d’une tragédie, l’étendue glacée qui s’étend à perte de vue devenant aussi menaçante qu’une communauté étroite et solidaire.
Le film suit ensuite un schéma narratif classique, le suspens provenant des secrets gardés par Qalli qui est le seul à savoir comment les incidents se sont réellement produits. La tension attendue qui se joue entre lui et son entourage, dont un père suspicieux qui mène l’enquête et Aivaaq, son ami qui est lui aussi impliqué dans la mort accidentelle, est néanmoins portée par des acteurs convaincants dans leurs personnages. Le réalisateur joue avec bonheur des conflits, du contraste entre le héros manipulateur et taciturne et son ami surexcité, rongé par la culpabilité, l’ alcool et la drogue. Le cadre isolé de l’Alaska exacerbe la solitude des personnages face à leur conscience, ne proposant aucune échappatoire. Même avant le drame, Aivaaq se sent piégé dans cet environnement, ne voit comme solution pour subvenir aux besoins de son futur enfant que de travailler pour les « dealers » du village. Qalli représente quant à lui un futur plus optimiste pour la jeunesse inuit, avec un espoir de réalisation hors de la communauté tout en conservant ses valeurs traditionnelles et morales.
En confrontant ses deux jeunes protagonistes à un dilemme moral, On the ice les révèle et renverse leurs rôles pour aboutir sur le constat assez pessimiste de l’errance solitaire d’une silhouette fantomatique dans un paysage enneigé. La musique "ambient" à bases de percussions et de violons résume bien l’atmosphère doucement oppressante du film d’ Andrew O. MacLean, implacable dans son récit d’une tragédie tout en ayant recours à des images de paysages d’une grande beauté calme.
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