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Phénomène littéraire puis cinématographique, la saga Twilight demande que l'on s'attarde sur son cas. N'ayant pas lu les romans de Stephanie Meyer, je ne jugerai ici qu'à partir de leur adaptation, sa présence en tant que productrice laissant entendre qu'elle cautionne la vision de son œuvre qui y est proposée. Le report de la conclusion de la licence lucrative à la fin de l'année prochaine amène à se demander si, en dehors de l'argument mercantile, le chapitre final de la saga Twilight nécessitait un découpage en deux films. Surprise, à la clôture de la première partie de Révélation, cette coupure se justifie dans ce qu'un retournement de situation crée un « avant » et un « après ». Pour autant, le spectateur ressort-il satisfait du film de Bill Condon ?
La satisfaction dépendant en grande partie des attentes que l'on place dans un film, il convient de rappeler que Twilight, malgré la présence de vampires et loup-garous, n'est pas une série d'épouvante, mais lorgne davantage vers le drame sentimental pour adolescents. Finalement, l'utilisation des créatures fantastiques est surtout le prétexte à une intrigue qui fait s'affronter des clans rivaux, au milieu desquels évolue l'héroïne tiraillée, Bella, sur un schéma narratif qui emprunte à Roméo et Juliette plus qu'à Bram Stocker. Sauf qu'en lieu et place de la tragédie implacable shakespearienne, le film souffre d'une narration dont la tension se dilue au fur et à mesure que les conflits éclatent tels des pétards mouillés. Il faut assister pour y croire à la scène d’action qui vient vaguement réveiller le spectateur somnolent en bout de séance, d'une laideur numérique incompréhensible étant donné le budget de 127 millions de dollars. Le chaos du montage de ces scènes ferait quant à lui passer Michael Bay pour un orfèvre minutieux du cinéma d'action. L'aspect fantastique secondaire est en fait globalement négligé, aboutissant sur une scène improbable et risible où des loups en image de synthèse communiquent par télépathie. En tant que film fantastique porteur d'une promesse de spectacle, Révélation échoue donc lamentablement.
L’accent de Révélation est alors logiquement porté sur l’intrigue sentimentale et le triangle amoureux formé par ces trois personnages principaux. D’un côté, l’amour noble des âmes sœurs que propose Jacob par l’intermédiaire d’un rituel naturel de dévotion appelé « imprégnation » (sic) ; tandis qu’Edward Cullen offre la voix d’une passion destructrice finalement choisie par Bella. Il y a sur le papier un romantisme brûlant et tourmenté dans le couple entre l’humaine et le vampire, qu’illustrent les hématomes, marques de la violence d’une nuit de noces ou une grossesse monstrueuse qui fait prendre à celle qui la subit une allure de cadavre. Sauf que l’on n’est ni chez Polanski, ni chez Cronenberg et que ces belles idées sauvages et noires tombent à l’eau dans un film qui ne veut pas se priver du public des jeunes adolescents. La violence non intentionnelle d’Edward lors de ses transports l’amène donc à fuir les avances de Bella, le couple substituant le jeu d’échecs aux jeux de chambre (sic) ; et l’accouchement brutal autour duquel a plané la menace d’une restriction sévère par les censeurs se déroule dans une débauche de style épileptique qui ne traumatisera personne.
Atténuant ses possibles aspérités, Twilight serait donc simplement un film insipide d’une grande platitude s’il ne proposait pas au détour d’une de ses première scènes une morale douteuse qui le rend détestable. À la veille de leur mariage, Edward confesse à Bella le fait d’avoir tué par le passé, poussé par ses instincts de vampire, avant de préciser qu’il ne s’agissait d’individus aux intentions louches ; la future mariée rassurée lui explique qu’il a certainement plus sauvé de vies par ces actes qu’il n’en a ôtées. Le cas de conscience réglé, le film ne fera plus référence à ce bref épisode. Belle façon de justifier la peine de mort, vraiment…
Faut-il que tu sois super vénère, mais je trouve que c'est la meilleure critique que tu aies faite...
RépondreSupprimerTu as osé, bravo ! Cela dit, bien que cette critique soit vraiment assassine, je te trouve encore trop gentil. Ça mérite une note négative ! J'ai encore les yeux qui saignent...
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