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Spike
Jonze s’est fait connaître dans les années 90 en réalisant des clips musicaux,
notamment celui mémorable de Da Funk
où un chien anthropomorphe déambulait dans New York. A la fin des années 90 et
début des années 2000, il a ensuite porté à l’écran les scénarios de Charlie
Kaufman, auteur de scripts à concept tels que Dans la peau de John Malkovich ou Eternal Sunshine of a Spotless Mind . Her se situe dans la même mouvance, en imaginant une histoire
d’amour entre un homme et un système d’exploitation. Ce concept original a
permis à Spike Jonze de remporter les honneurs du Golden Globe et de l’Oscar du
meilleur scénario, mais le film n’est hélas pas vraiment à la hauteur de son
concept.
La
première partie de Her explore un
univers futuriste intéressant, en prise avec le monde moderne et l’évolution
des rapports sociaux. Theodore Twombly (Joaquin Phoenix), auteur de lettres
intimes qu’il rédige pour des clients, mène une vie solitaire suite à sa
rupture avec son ex-femme. Entre jeux vidéo et discussions anonymes avec les
membres de sites de rencontre, les échecs des tentatives du protagoniste pour
tromper sa misère affective installent une ambiance de comédie de
science-fiction attachante, à la fois familière et dépaysante. Si le charme
opère encore dans le début de la relation insolite entre Theodore et Samantha, un
système d’exploitation à l’intelligence artificielle très développée (avec la
voix de Scarlett Johansson), la limite du film est bien celle de cette
« love story » centrale.
L’univers
construit dans Her a beau être séduisant, l’ennui finit par
prendre le dessus face à une histoire qui sort finalement assez peu des
sentiers battus. Certes les décalages causés par la nature de Samantha
relancent l’intérêt par moment, mais le film tombe dans le clichés de la
comédie romantique indépendante : journée sur la plage immortalisé par un
morceau de musique mélancolique, tentatives de poésie et bonheur résumé à un
rire partagé (dont j’ai perdu le compte du nombre d’occurrences). Tout ça pour
aboutir à une morale douce amère déjà entendue mille fois. Tout cela est mignon, mais très lisse, à
l’image de la bande-son du film et de son visuel léché. On aurait aimé que le
que la relation entre Theodore et
Samantha, création virtuelle, soit explorée dans tout ce qu’elle pouvait avoir
d’ambigu : la scène avec le substitut physique de Samantha provoque un
véritable trouble, mais se retrouve un îlot dans un océan d'une grande platitude.
Surtout,
le métrage peine à tirer parti de la richesse de l’univers qui nous est présenté dans
son introduction. Plutôt qu’une histoire intime unique étirée sur deux heures,
on aurait préféré voir développées les différentes relations entre utilisateurs
et systèmes d’exploitation évoquées au détour d’une conversation entre Theodore
et sa confidente (Amy Adams). Il y avait là un grand film stimulant, tandis que Her reste une toute petite œuvre, certes
pas désagréable mais lassante sur la longueur.
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