20/03/2014

Monuments Men : casting alléchant, film médiocre

2,5 / 5

Tandis que Diplomatie se préoccupait du sort de Paris aux derniers jours de l’occupation allemande, Monuments Men nous transporte à la même époque pour se soucier du destin des œuvres d’art dans cette période trouble. Dans les deux films, on retrouve le même enjeu d’une culture à sauver du chaos destructeur décidé par un Adolf Hitler confronté à la défaite imminente de l’Allemagne. Les deux métrages ont aussi en commun de problématiser le poids des vies humaines en temps de guerre. Dans Diplomatie, Nordling est tiraillé entre sauver sa famille et épargner Paris.  Le film de George Clooney pose quant à lui la question : les œuvres d’art valent-elles de risquer des vies ?



Tiré d’une histoire vraie, Monuments Men relate la quête d’un groupe composé de civils réuni par l’armée américaine pour récupérer les œuvres d’art pillées par les Nazis à travers l’Europe. Le recrutement des membres de l’équipe par Frank Stokes (George Clooney) se fait dès le générique, le film abattant donc assez vite son atout de casting hétéroclite alléchant  (Matt Damon, Bill Murray, John Goodman, Jean Dujardin). Si cette façon de rentrer directement dans le vif du sujet n’est pas mauvaise en soi, son défaut est de ne pas réellement poser les personnages. En quoi les talents individuels de chacun apportent-ils quoi que ce soit à l’équipe ? Le scénario ne traitera  jamais réellement de ce point pourtant essentiel, et ce n’est que le premier défaut d’un film qui laissera globalement le spectateur sur sa faim.

Les problèmes narratifs  de Monuments Men sont palpables dès sa première demi-heure, plongeant dans le feu de l’action des personnages peu développés dont les interactions s’étendent au mieux à quelques lignes de dialogue. Une fois le groupe de ses héros éclaté, le scénario semble assez vite ne pas trop savoir quel micro-récit privilégier parmi la multitude qui sont proposés, et les quelques tentatives de caractérisation (avec en premier lieu un Matt Damon au français approximatif) tombent à plat. Le tout ne parvient pas à prendre, et la musique entraînante d’Alexandre Desplat qui évoque La 7ème compagnie ou Papa Schultz n’aide pas beaucoup.


On se prépare peu à  peu à l’accident industriel, sous couvert de cinéma rétro et décontracté, puis l’intérêt est enfin lancé dans des scènes à la tonalité plus dramatique. Monuments Men offre bel et bien une poignée de scènes vraiment réussies, mais le manque de construction de l’ensemble les condamne à ne rester que des moments isolés. La décontraction affichée du film est peut-être son plus gros défaut, George Clooney jouant pour faire rire sur des ficelles un peu trop évidentes, faute de maîtriser un quelconque timing comique. Brouillon et très inégal, Monuments Men est au final une série B qui mise sur un casting prestigieux sans vraiment savoir qu’en faire.   

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