19/04/2012

I wish - nos voeux secrets : comment allier légèreté et profondeur humaniste

I Wish - Nos voeux secrets : 4 / 5

Présenté en 2004 au festival de Cannes, Nobody Knows du japonais Hirokazu Kore-Eda avait créé l'événement : pour cette histoire d'enfants livrés à eux-mêmes après le départ de leur mère, Yuya Yagira, alors âgé de 14 ans, avait été le plus jeune acteur de l'histoire du festival à remporter le prix d'interprétation masculine. I wish – nos vœux secrets constitue un retour du réalisateur au monde de l'enfance, mais sur un mode beaucoup moins dramatique. Il serait néanmoins erroné d'en déduire que le film manque pour autant de profondeur. 


Dès les premières minutes de I wish, le spectateur est plongé dans une ambiance qui a la familiarité du quotidien : le jeune Koichi se rend à l'école après avoir déjeuné avec sa mère et sa grand-mère qui s'exerce à un langage de signes insolite ; en chemin, il s'étonne avec gravité de la présence d'un volcan encore en activité au-dessus de la ville où il habite ; alors qu'il se plaint de la situation de l'école en haut d'une colline, ses camarades lui reprochent son mécontentement incessant avant de rester béats d'admiration au passage de la jeune bibliothécaire qui fait la même remarque que Koichi. Par de telles petites touches souvent humoristiques, Kore-Eda crée une atmosphère chaleureuse rehaussée par une bande-son pop entraînante.

Une thématique qui prête peu à sourire ne tarde toutefois pas à être mise en lumière, celle de l'éclatement de la cellule familiale : Koichi est séparé de son frère Ryunosuke qui vit avec son père à l'autre bout de l'île. Plus largement, c'est un certain désœuvrement de la génération des parents de Koichi et Ryunosuke qui est pointé : un père joue tout son argent, une mère frustrée gère un restaurant alors qu'elle voulait être actrice et décourage sa fille de poursuivre le même rêve de jeunesse. 


La bonne idée de Kore-Eda est de contourner l'aspect dramatique de cette situation en passant par un décalage comique, les enfants devant se comporter en adultes pour pallier l'irresponsabilité de leurs parents. Cette inversion est évidente dans la relation entre Ryunosuke et son père, mais aussi dans la scène où sa mère éclate en sanglots au téléphone après une soirée arrosée entre anciens camarades de classe.

Derrière l'apparente légèreté, la gravité n'est pourtant jamais loin : elle peut se lire sur le visage sérieux et fermé de Koichi. Au moment où les enfants sont pris dans une course folle et euphorique pour faire des vœux qui changeront leur quotidien, une famille réunie aperçue sur un quai de gare crée une pause poignante, où le jeune héros contemple le bonheur perdu qu'il s'efforce de retrouver.


Kore-Eda parvient à renouer avec l'univers de l'enfance à merveille, réussissant à canaliser l'énergie brute et naturelle de ses jeunes acteurs. En tant que chronique pré-adolescente, I wish est d'une finesse et d'une intelligence remarquables, mais c'est son final qui en fait un film essentiel. Sans trop en dévoiler, disons que le réalisateur se sert de son récit proche de la fable pour nous livrer sa vision généreuse du monde : résumer la beauté fragile et précieuse du quotidien qui nous entoure dans une séquence d'une simplicité confondante, voilà le vœu réalisé par ce « feel good movie ».

En bref : à ne pas manquer

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