Présenté
en 2004 au festival de Cannes, Nobody Knows
du japonais Hirokazu Kore-Eda avait créé l'événement : pour cette
histoire d'enfants livrés à eux-mêmes après le départ de leur
mère, Yuya Yagira, alors âgé de 14 ans, avait été le plus jeune
acteur de l'histoire du festival à remporter le prix
d'interprétation masculine. I wish – nos vœux secrets
constitue un retour du
réalisateur au monde de l'enfance, mais sur un mode beaucoup moins
dramatique. Il serait néanmoins erroné d'en déduire que le film
manque pour autant de profondeur.
Dès
les premières minutes de I
wish,
le spectateur est plongé dans une ambiance qui a la familiarité du
quotidien : le jeune Koichi se rend à l'école après avoir déjeuné
avec sa mère et sa grand-mère qui s'exerce à un langage de signes
insolite ; en chemin, il s'étonne avec gravité de la présence d'un
volcan encore en activité au-dessus de la ville où il habite ;
alors qu'il se plaint de la situation de l'école en haut d'une
colline, ses camarades lui reprochent son mécontentement incessant
avant de rester béats d'admiration au passage de la jeune
bibliothécaire qui fait la même remarque que Koichi. Par de telles
petites touches souvent humoristiques, Kore-Eda crée une atmosphère
chaleureuse rehaussée par une bande-son pop entraînante.
Une thématique qui prête peu à sourire ne tarde toutefois pas à
être mise en lumière, celle de l'éclatement de la cellule
familiale : Koichi est séparé de son frère Ryunosuke qui vit avec
son père à l'autre bout de l'île. Plus largement, c'est un certain
désœuvrement de la génération des parents de Koichi et Ryunosuke
qui est pointé : un père joue tout son argent, une mère frustrée
gère un restaurant alors qu'elle voulait être actrice et décourage
sa fille de poursuivre le même rêve de jeunesse.
La bonne idée de Kore-Eda est de contourner l'aspect dramatique de
cette situation en passant par un décalage comique, les enfants
devant se comporter en adultes pour pallier l'irresponsabilité de
leurs parents. Cette inversion est évidente dans la relation entre
Ryunosuke et son père, mais aussi dans la scène où sa mère éclate
en sanglots au téléphone après une soirée arrosée entre anciens
camarades de classe.
Derrière l'apparente légèreté, la gravité n'est pourtant jamais
loin : elle peut se lire sur le visage sérieux et fermé de Koichi.
Au moment où les enfants sont pris dans une course folle et
euphorique pour faire des vœux qui changeront leur quotidien, une
famille réunie aperçue sur un quai de gare crée une pause
poignante, où le jeune héros contemple le bonheur perdu qu'il
s'efforce de retrouver.
Kore-Eda parvient à renouer avec
l'univers de l'enfance à merveille, réussissant à canaliser
l'énergie brute et naturelle de ses jeunes acteurs. En tant que
chronique pré-adolescente, I
wish
est d'une finesse et d'une intelligence remarquables, mais c'est son
final qui en fait un film essentiel. Sans trop en dévoiler, disons
que le réalisateur se sert de son récit proche de la fable pour
nous livrer sa vision généreuse du monde : résumer la beauté
fragile et précieuse du quotidien qui nous entoure dans une séquence
d'une simplicité confondante, voilà le vœu réalisé par ce « feel
good movie ».
En bref : à ne pas manquer
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