L'amour
et rien d'autre, premier long
métrage de l'allemand Jan Schomburg, sort ce mercredi avec la
promesse de révéler définitivement son actrice principale Sandra
Hüller déjà récompensée de l'ours d'argent en 2006 pour Requiem
de Hans-Christian Schmidt. Si sa prestation est ici remarquable et
mérite tous les éloges, le film de Schomburg ne parvient
malheureusement pas à être aussi enthousiasmant, malgré de bonnes
intentions.
Martha (Sandra Hüller) est une jeune femme épanouie dans son couple
avec son mari Paul. L'avenir s'annonce radieux et ensoleillé lorsque
le jeune homme obtient un poste de professeur à Marseille. Paul
semble un peu anxieux à la veille de ce changement de vie, mais
Martha le rassure et le laisse partir seul pour préparer leur
installation en France. Alors qu'elle s' inquiète de ne pas avoir de
ses nouvelles, la jeune femme voit débarquer chez elle deux
policiers...
Toute cette introduction décrit avec justesse l'intimité d'un
couple mais c'est dans la partie intermédiaire suivante que le film
se montre le plus intéressant, alors que Martha doit faire le deuil
d'un compagnon dont elle se rend compte qu'il était un imposteur.
L'incompréhension dans laquelle se trouve la veuve permet d'éviter
les situations clichés et on est soulagés de ne pas se retrouver
face à une série de scènes lacrymales : Sandra Hüller incarne
alors à merveille un détachement émotionnel ambigu, entre refus de
sombrer dans la douleur et impossibilité de faire le deuil d'un
inconnu.
Avec l'arrivée dans un troisième temps d'Alexander (Georg
Friedrich), professeur à l'université où Paul prétendait étudier,
le film inverse les rôles : Martha se lance dans une nouvelle
relation avec lui tout en lui cachant son passé. L'intérêt du film
tient alors beaucoup à l'alchimie entre Hüller et Friedrich qui
arrivent à transcender le récit un peu banal des premiers temps
d'un couple.
On ressent certes la beauté fragile des moments de bonheur partagé
sur lesquels plane l'ombre de la relation passée de Martha présente
par le biais d'échos multiples, mais un certain manque de réelles
surprises dans l'évolution du couple pose problème. Si cette
deuxième partie s'avère plus laborieuse, c'est aussi que l'on suit
le personnage d'Alexander qui n'a pas la richesse de celui de Martha.
La conclusion du film apparait quant à elle peu satisfaisante car un
peu expéditive.
En
résumé, le reproche que l'on pourrait faire à L'amour et
rien d'autre est d'abandonner
son point de vue singulier pour tomber dans un récit conventionnel.
Les qualités indéniables du film, ses acteurs formidables aussi
bien que son esthétique soignée et sa réelle sensibilité, ne
suffisent alors pas à lui permettre de marquer durablement.
En
bref : pour les amateurs de cinéma intimiste.
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