17/04/2012

L'amour et rien d'autre : des acteurs formidables pour un film banal

L'amour et rien d'autre : 3 / 5

L'amour et rien d'autre, premier long métrage de l'allemand Jan Schomburg, sort ce mercredi avec la promesse de révéler définitivement son actrice principale Sandra Hüller déjà récompensée de l'ours d'argent en 2006 pour Requiem de Hans-Christian Schmidt. Si sa prestation est ici remarquable et mérite tous les éloges, le film de Schomburg ne parvient malheureusement pas à être aussi enthousiasmant, malgré de bonnes intentions.


Martha (Sandra Hüller) est une jeune femme épanouie dans son couple avec son mari Paul. L'avenir s'annonce radieux et ensoleillé lorsque le jeune homme obtient un poste de professeur à Marseille. Paul semble un peu anxieux à la veille de ce changement de vie, mais Martha le rassure et le laisse partir seul pour préparer leur installation en France. Alors qu'elle s' inquiète de ne pas avoir de ses nouvelles, la jeune femme voit débarquer chez elle deux policiers...


Toute cette introduction décrit avec justesse l'intimité d'un couple mais c'est dans la partie intermédiaire suivante que le film se montre le plus intéressant, alors que Martha doit faire le deuil d'un compagnon dont elle se rend compte qu'il était un imposteur. L'incompréhension dans laquelle se trouve la veuve permet d'éviter les situations clichés et on est soulagés de ne pas se retrouver face à une série de scènes lacrymales : Sandra Hüller incarne alors à merveille un détachement émotionnel ambigu, entre refus de sombrer dans la douleur et impossibilité de faire le deuil d'un inconnu. 

Avec l'arrivée dans un troisième temps d'Alexander (Georg Friedrich), professeur à l'université où Paul prétendait étudier, le film inverse les rôles : Martha se lance dans une nouvelle relation avec lui tout en lui cachant son passé. L'intérêt du film tient alors beaucoup à l'alchimie entre Hüller et Friedrich qui arrivent à transcender le récit un peu banal des premiers temps d'un couple.


On ressent certes la beauté fragile des moments de bonheur partagé sur lesquels plane l'ombre de la relation passée de Martha présente par le biais d'échos multiples, mais un certain manque de réelles surprises dans l'évolution du couple pose problème. Si cette deuxième partie s'avère plus laborieuse, c'est aussi que l'on suit le personnage d'Alexander qui n'a pas la richesse de celui de Martha. La conclusion du film apparait quant à elle peu satisfaisante car un peu expéditive.

En résumé, le reproche que l'on pourrait faire à L'amour et rien d'autre est d'abandonner son point de vue singulier pour tomber dans un récit conventionnel. Les qualités indéniables du film, ses acteurs formidables aussi bien que son esthétique soignée et sa réelle sensibilité, ne suffisent alors pas à lui permettre de marquer durablement.

En bref : pour les amateurs de cinéma intimiste.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire