20/03/2012

Cloclo : histoire d'un mal-aimé ?

Cloclo : 3 / 5

Après Edith Piaf, Coluche, Coco Chanel (deux fois) et Serge Gainsbourg, Cloclo confirme la prédilection des "biopics" français pour les créateurs, ne s'aventurant que rarement sur un terrain politique plus risqué ; et l'aspect finalement anecdotique de La conquête sur Nicolas Sarkozy l'an dernier est la meilleure illustration de cette tendance. Mais mieux vaut en fin de compte un film inspiré sur Gainsbourg et son univers par Joann Sfar qu'une évocation insipide de Margaret Thatcher. Place donc à la folie yéyé et aux strass et paillettes en compagnie de Claude François !


Ne vous attendez pas à pouvoir vous trémousser sur votre siège au son d' "Alexandrie, Alexandra" avant le générique de fin. Le film de Florent Emilio Siri raconte en effet la vie de son "héros" de façon linéaire, il faudra donc attendre un peu plus d'une demi-heure avant de pouvoir retrouver les premiers tubes connus. Dans un premier temps, on a droit comme dans tout "biopic" à la jeunesse du personnage public qui recèle souvent les détails les moins connus de sa vie : ici, l'enfance en Égypte, l'exil forcé au Maroc, la rupture fondatrice avec un père qui renie son fils artiste. Arrivé à paris, Claude galère en étant persuadé qu'il va percer un jour. Toute cette première partie, où le jeune chanteur se retrouve seul contre tous, provoque un léger ennui dans son côté hagiographique. Avec les premiers succès, le film devient plus intéressant : d'abord grâce à une mise en scène dynamique qui retrouve l'énergie innocente des yéyés (série de vignettes sur "Cette année-là") ou celle plus fiévreuse d'un concert d'Otis Redding ; ensuite  parce que l'on découvre petit à petit un Claude François tyrannique, en particulier dans sa relation avec France Gall.


Il y a quelque chose de réjouissant, parfois comique dans la façon dont Cloclo construit un personnage de plus en plus antipathique, égoïste et maniaque. Un moment de grâce un peu cliché où le chanteur compose "Comme d'habitude" au bord de sa piscine est par exemple racheté par une séquence sur la même musique où son obsession pour une jeune femme le rapproche d'un psychopathe de polar, poursuivant sa proie dans un plan séquence avant de se montrer plus agressif pour s'imposer à elle. A la source de ces deux scènes, on trouve la même énergie inépuisable d'un homme qui bouillonne constamment, rendue par un Jérémie Renier hallucinant dont l'interprétation  trouve un équilibre parfait entre la caricature et l'empathie. Le mérite du film de Siri est finalement de reconstituer la "Cloclo fever" tout en montrant habilement sa face noire, la transformation progressive d'un jeune homme plein de rêves en monstre médiatique obsessionnel et solitaire.

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