John Carter : 3 / 5
Alors que la ressortie de Star Wars : la menace fantôme "augmenté" de la 3D semble confirmer que George Lucas n'est pas prêt de concocter de nouvelles aventures, l'amateur d'épopées galactiques ou de science-fiction n'a pas eu grand chose à se mettre sous la dent depuis Avatar. Ce qui n'est pas nécessairement un mal si l'on se souvient que Star Wars avait engendré dans les années 80 une vague SF peu convaincante, entre un Flash Gordon kitschissime et un Dune pour le moins abscons. La sortie de John Carter n'en reste pas moins un événement, d'autant plus qu'il s'agit de l'adaptation d'une œuvre fondatrice du "planet opera" écrite par le créateur de Tarzan. Mais après des films comme Star Wars et Avatar qui s'inspiraient largement de cette source littéraire, sa version cinématographique par Andrew Stanton peut-elle échapper à un effet de déjà-vu ?
John Carter commence en terrain connu, s'ouvrant sur un affrontement entre croiseurs de guerre qu'on croirait tous droit sortis de Star Wars : son équipage est cependant constitué d'un groupe semblant tout droit sorti d'un péplum. Ce curieux mélange entre technologie futuriste et archaïsme aboutit à l'irruption simili-religieuse de trois personnages dans un halo de lumière à la fin de la séquence d'introduction. Après cette ouverture improbable, le récit nous transporte de façon inattendue à la fin du dix-neuvième siècle, entre l'Angleterre et les États-Unis, pour nous présenter son protagoniste principal, ancien militaire sudiste réquisitionné pour combattre dans les guerres indiennes. On se doute évidemment que le héros va vite se retrouver sur la planète Mars qui servait de décor à la première séquence du film. S'ensuivent des aventures avec créatures extraterrestres, princesse en fuite et antagonistes cruels et impitoyables : un récit assez classique finalement et qui réserve peu de surprises, l'originalité résidant davantage dans l'univers décrit par le film.
Dans ce registre, la découverte progressive des civilisations de Mars dans un premier temps renoue avec le plaisir de découvrir un univers original, non sans des touches d'humour bienvenu. Jouant des différences de gravité entre la planète rouge et la planète bleue, le film offre avec son héros bondissant quelques moments réjouissants, dont une première scène d'action impressionnante se déroulant entre ciel et terre. Après ses débuts enthousiasmants, l'intérêt s'émousse hélas un peu, le film alignant de façon mécanique et répétitive des moments de bravoure qui peinent à se renouveler, entrecoupés de dialogues souvent redondants ou trop ouvertement explicatifs.
L'autre versant du film est la quête d'identité de son héros. Plutôt que de jouer sur l'exotisme pur et simple, le choix des déserts américains pour représenter Mars accentue alors le parallèle entre le monde dont est issu John Carter et la planète sur laquelle il se retrouve exilé : une tribu de créatures à l'allure monstrueuse est alors assimilable aux amérindiens, tandis que le conflit qui oppose les deux cités d'extraterrestres humanoïdes évoque la guerre de Sécession. Si on peut regretter le revirement un peu expéditif de ce héros traumatisé qui retrouve peu à peu sa place sur la planète rouge, ce dernier se déroule dans la scène la plus réussie du film qui met joliment en parallèle le drame qu'il a vécu et l'action au présent. Récit d'une renaissance, John Carter laisse parfois percer une fragilité et une beauté romantique (notamment dans son épilogue) qui rendent le tout attachant, malgré un rythme mal tenu.
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