Two days in New York : 3,5 / 5
En 2007, Julie Delpy s'imposait comme une auteur à suivre en nous offrant avec 2 days in Paris la comédie à la fois la plus incisive et la plus fraîche de ces dernières années. Depuis, la réalisatrice / scénariste / actrice s'est offert une incursion dans l'horreur historique (La Comtesse) et un film-souvenir sur des vacances de jeunesse (Le Skylab). Le dernier film, s'il offrait une série de vignettes réussies sur la France de la fin des années 70, laissait une impression d'inachevé faute de proposer une véritable intrigue. Écrit en parallèle du Skylab, 2 days in New York choisit une structure plus ramassée autour de son couple de personnages principaux.
On retrouve Marion (Julie Delpy), l'héroïne de 2 days in Paris, à New York où elle élève le fils de son ex-compagnon du précédent film avec Mingus (Chris Rock) lui-même père d'une petite fille. L'arrivée de la famille de Marion chez eux va provoquer un chaos avec à sa source un choc des cultures et une barrière de la langue qui servaient déjà de moteur au premier volet du diptyque. Si 2 days in New York perd alors malheureusement un peu de la fraîcheur et de l'originalité de son homologue parisien, le ton légèrement plus grave adopté tient aussi à la double expérience de la maternité nouvelle et du deuil de sa mère vécue par Delpy. La question de la mort a beau être traitée par le biais fantaisiste d'une vente d'âme artistique, l'insouciance affichée semble factice en comparaison de l'énergie naturelle qui habitait 2 days in Paris. L'impression mitigée tient aussi à un Chris Rock moins enthousiasmant que pouvait l'être Adam Goldberg en compagnon d'une Julie Delpy toujours aussi attachante et hilarante en intellectuelle néo-allénienne.
2 days in New York reste malgré ces réserves une comédie de très bonne facture où le sens du dialogue et du burlesque de Julie Delpy fait souvent mouche, comme lors d'un dîner d'anthologie où les répliques savoureuses fusent en français et en anglais, ou dans les échanges compliqués entre Mingus et le père de Marion (Albert Delpy). La réalisatrice / scénariste a le mérite d'oser une variété de registres comiques impressionnante, allant du sophistiqué au graveleux : certains effets peuvent paraitre ratés ou lourds (notamment une scène qui joue sur la présence de sa sœur à moitié nue) mais c'est le prix à payer pour une liberté de ton assumée. En résumé, on pourra trouver Julie Delpy moins à l'aise à New York qu'elle ne l'était à Paris, comme l'illustre une visite touristique un peu gratuite de la ville dans un montage photo, mais il y a une certaine audace dans ce film qui fait plaisir à voir.
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