La colère des Titans : 3 / 5
Mal
accueilli par les critiques, le remake par Louis Leterrier du Choc des
Titans en 2010 a été assez rentable pour qu’une suite soit rapidement mise
en chantier et nous arrive à peine deux ans après. On retrouve dans La colère des Titans les trois acteurs
principaux du premier opus (Sam Worthington en Persée, Liam Neeson en Zeus et Ralph Fiennes en
Hadès), mais le réalisateur français devenu producteur exécutif laisse les
commandes au sud-africain Jonathan Liebesman, auteur du blockbuster Battle :
Los Angeles. Alors, ça bouge vraiment du côté de la Grèce antique ?
Plutôt, est-on tenté de répondre, et en bien.
Le
choc des Titans pâtissait d’un récit mal rythmé, assez long à démarrer pour
se résoudre ensuite de façon plutôt expéditive , comme en témoignait la
résurrection de la dulcinée de Persée dans un retournement improbable quelques
secondes avant le générique de fin. Alors que La colère des Titans
s’ouvre 10 ans plus tard, on apprend qu’elle est à nouveau décédée entre temps,
définitivement : curieuse transition donc mais la belle a quand même eu le
temps de donner à son compagnon de héros un fils, Hélios. Une fois cette
nouvelle situation comprise, on est assez vite plongés dans une intrigue simple
qui a le mérite de l’efficacité : il s’agit ni plus ni moins pour Persée
que de parer à la menace d’une fin du monde déchaînée par le Titan Chronos, son
grand-père, en allant à la rescousse de Zeus capturé par le toujours revanchard
Hadès et son propre fils Arès. Le fil rouge familial un peu voyant se révèle
cependant assez juste pour insuffler la
part d’humanité nécessaire au récit épique.
La simplicité et l’économie de l’intrigue du
film de Liebesman va de pair avec un ramassage autour d’une poignée de
personnages : le panthéon réduit à cinq dieux vaut alors bien mieux que
l’assemblée de dieux figurants sous-exploités du film de Leterrier. Mais
l’Olympe du premier opus restera avant tout indissociable de la vision
hallucinée d’ armures étincelantes et kitsch qu’on aurait dit tout droit
sorties de l’Excalibur de John Boorman. La colère des Titans
offre en contraste une esthétique plus réaliste, sobre et élégante. Si les
excès sont évidemment au rendez-vous avec créatures et effets numériques, on
est frappé par la beauté des images produites, notamment lors d’un climax avec
un monstre de lave dans un paysage de cendres. [spoiler] Au détour d’un plan,
l’effet numérique parvient même à renforcer l’émotion de manière surprenante,
avec l’image d’un dieu qui tombe en poussière sur l’épaule de son fils, l’embrasse
enfin [fin du spoiler]
La colère des Titans est pour autant loin
d’être parfait, se heurtant à des scènes ratées comme l’affrontement confus en
montage parallèle avec deux Cyclopes, à des dialogues parfois sommaires et à
des personnages manquant un peu de profondeur. Mais malgré ces défauts évidents
le film remplit sa mission de divertissement très honnêtement, et s’offre même
le luxe de créer le décor mémorable d’un labyrinthe en combinant
harmonieusement effets numériques et physiques. Enfin, l’épilogue du film est assez
réussi pour que la perspective d’un troisième opus ne soit pas pour déplaire à
votre serviteur.
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