07/03/2012

Something for the week : Oslo, 31 août / Ce qui restera de nous

Oslo, 31 août : 4 / 5
Ce qui restera de nous : 3,5 / 5




Libre adaptation du Feu follet de Pierre Drieu de la Rochelle, Oslo, 31 août de Joachim Trier remplace le Paris du roman par la capitale norvégienne. Le film de Trier s'ouvre un montage de plans hétérogènes où se mêlent vues de Oslo désert, vidéos amateur et images d'archives, associé à des témoignages divers en voix off : on ressent l'impression d'un décor habité par les souvenirs de présences désincarnées. Une absence, un détachement du monde au présent est palpable dans cette introduction qui annonce celui du personnage principal. Anders, trentenaire en fin de cure de désintoxication, retourne pour un entretien d'embauche à Oslo où il a brulé ses vingt ans ; il profite de l'occasion pour renouer avec ses connaissances passées, seul lien avec un monde dans lequel il ne trouve plus sa place. Jouant de faibles profondeurs de champ et de la profondeur apportée par le 35 mm, la mise en scène crée des espaces flous qui traduisent l'impossibilité de Anders de s'intégrer à son environnement. Cet état trouve sa plus belle expression dans une scène de restaurant où le personnage seul observe le monde et les vies d'inconnus alentours, décrochage virtuose du récit où se dessine la beauté tragique des solitudes. Si le film peut s'avérer un peu trop bavard par moments, explicitant et soulignant inutilement ses thèmes, il produit souvent un sentiment d'exaltation dans sa captation de la fragilité de la vie.


Le film de Joachim Trier aurait pu tout aussi bien s'appeler Ce qui restera de nous, comme le premier film de Vincent Macaigne. Après son arrivée au premier plan cinématographique dans les deux films de Guillaume Brac (Le naufragé et Un monde sans femmes), le metteur en scène de théâtre a donc lui aussi l'honneur de voir son court métrage, grand prix du festival de Clermont-Ferrand, sortir sur grand écran. C'est l'occasion de découvrir un étrange objet que le réalisateur décrit lui-même comme "un brouillon [...] pour apprendre"[1]. Macaigne fait le choix d'assurer tous les postes à la conception du film, et le résultat technique s'en ressent un peu : l'image et le son y sont bruts, les cadrages un peu trop travaillés. La relative absence de découpage au profit de longs plans d'ensemble où les acteurs jouent sans interruption trahit quant à elle les origines théâtrales de Macaigne. Et pourtant une énergie indéniable se dégage de l'ensemble. Enfin, Ce qui restera de nous n'hésite pas à aller dans la cruauté pour conter le sort de deux frères que tout oppose, et son film parvient à provoquer des réactions aussi contrastées que le rire et l'effroi : le rire dans le regard sarcastique que le frère cadet pose sur le monde, l'effroi lors d'une scène hystérique et terrifiante de récriminations conjugales. Ces deux aspects témoignent de la force du film, sa capacité récurrente à surprendre et à interpeller. Ajoutons à cela une certaine grandeur mythique inattendue dans les personnages (le frère cadet à la fois fou lucide et roi fou, une femme effacée qui se transforme en Furie), et on est impatient de voir le prochain essai cinématographique de Macaigne.

[1] Propos cités dans le numéro de février des Cahiers du cinéma, pour l'article "Vincent Macaigne, pour un art vivant".

1 commentaire:

  1. VINCENT MACAIGNE le plus brillant metteur en scène du théatre contemporain, nous a dévoilé une grande qualité artistique dans la réalisation de son film : "ce qui restera de nous" avec très peu moyen ou persque rien, VINCENT MACAIGNE nous a décrit ""belles couleurs,une profondeur de l'image, belle lumière,choix des paysages correspondants tout à fait au titre et l'histoire de ce dont VINCENT voulait nous transmettre, beaucoup de talents artistiques et les cris de secours* à entendre:Film Court métrange, le contraire de ses pièces de théatre où tout se joue sur excés et dépassements des forces ET gestes ""avec sa dicipline d'interprétations VINCENT a osé changer les scènes théatrales françaises habituelles d'ordinaire" Bravo! à lui.
    VINCENT MACAIGNE est aussi un excelent acteur très aimé dans le film de Guillaum BRAC: qui nous parle des solitudes dans nos sociétés actuelles(l'isolement et écartements des liens de sang, ""la famille écartée"" et chancun pour soi !
    VINCENT MACAIGNE est précieux : On attend voir encore ET toujours les talents de notre précieux VINCENT MACAIGNE et ses amis qu'ils sont toujrs fidéles. BRAVO et merci ! on vous aime.

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