16/10/2012

Ted : des passages hilarants mais un scénario trop prévisible

Ted : 3 / 5

Créateur-auteur-acteur prolifique à la tête des séries animées Les Griffin, American Dad ! et The Cleveland Show, Seth MacFarlane se lance avec Ted dans le long-métrage en prises de vue réelles. Les recettes impressionnantes enregistrées par le film aux États-Unis (malgré son interdiction aux moins de 16 ans) ne sont pas vraiment surprenantes tant son réalisateur-scénariste y reprend les ingrédients qui ont fait le succès de ses œuvres pour la télévision. L'angle choisi par MacFarlane est celui d'un léger décalage avec le réel qui permet la satire décomplexée ; Ted, l'ours en peluche qui prend vie, succède en quelque sorte à Brian, le chien anthropomorphique des Griffin, ou à Roger, l'extraterrestre qui vit caché parmi la famille d' American Dad !


Ted s'ouvre comme un conte de Noël. John est un enfant seul qui a du mal à se faire des amis et fait le vœu que sa peluche prenne vie. Le miracle se produit et le rêve de milliers d'enfants se réalise pour notre jeune héros. On n'est pas loin de l'innocence Disney, si ce n'est quelques anomalies : Noël est ainsi l'occasion de frapper à plusieurs un camarade juif et le jouet animé est d'abord associé à l'œuvre de Satan par les parents de John terrifiés. La fin du pré-générique annonce le ton qui sera celui de la suite du métrage. Après l'émerveillement initial, Ted ne suscite finalement que l'indifférence générale, tout comme « Frankie Muniz ou Justin Bieber ». Une vingtaine d'années plus tard, John (Mark Wahlberg) cohabite toujours avec son ours en peluche devenu vulgaire et feignant (Macfarlane en version originale, JoeyStarr pour la version française), au grand dam de la compagne de John (Mila Kunis). Dès lors, le film s'inscrit dans un registre de comédie combinant amitié et relations amoureuses, dans la lignée des productions Judd Apatow ou de Very Bad Trip.

La puissance comique de Ted tient à un sens de l'absurde et du détournement, en poussant jusqu'au bout l'irrévérence de son protagoniste éponyme. Comme John, Ted est sommé de passer à l'âge adulte, en trouvant notamment un travail qui lui permettra de s'assumer seul : la façon dont le personnage refuse de se conformer aux règles et les réactions de son employeur font l'objet de quelques scènes hilarantes. Marginal par sa nature, Ted n'a aucune limite et porte une énergie comique féroce et chaotique. Au sommet du principe de destruction jouissif du métrage, on a droit à une fête délirante où sont conviées deux « guest stars » de choix et à un face-à-face épique dans une chambre d'hôtel.


Ces éruptions délirantes réussies permettent à Ted de remplir sa mission de divertissement efficace, mais l'ensemble est malheureusement un peu en deçà des promesses de l'originalité du concept de départ. Le récit du film est de fait assez conventionnel et attendu, jusqu'à tomber dans le cliché d'une course-poursuite inutile et d'une fin trop formatée. Malgré son casting d'acteurs sympathiques (Wahlberg, Kunis mais aussi Joel McHale de la formidable série Community), le métrage peine à vraiment toucher à cause de personnages qui manquent de véritable profondeur. On préférera aux protagonistes réalistes un peu fades qui s'agitent autour de Ted ceux haut en couleur des séries de Macfarlane, qui gagnent en épaisseur d'épisode en épisode.

En bref : une petite déception mais un divertissement efficace malgré tout.

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