30/08/2016

Dernier train pour Busan : zombies et Corée du Sud en huis clos

3,5 / 5

Depuis les années 2000 les zombies sont sur le devant de la scène, déclinés sous toutes les formes possibles, de la série avec The Walking Dead à la comédie pour adolescents avec Warm Bodies. C’est donc un peu circonspect que l’on va découvrir Dernier train pour Busan, en se demandant bien ce que le métrage pourra encore apporter à un genre surexploité. Au final, on se retrouve avec une nouvelle démonstration percutante de la capacité du cinéma coréen à transcender les genres qu’il explore.



Rien de révolutionnaire à priori dans la mise en place proposée par le réalisateur Sang-Ho Yeon et son scénariste  Joo-Suk Park. Le principe de contamination du genre de zombie est au centre du film et ses personnages sont au bord de l’archétype. Au bord du train où va se dérouler la quasi-totalité de l’action, on trouve ainsi un père gérant de fonds et sa jeune fille qu’il néglige, un anticapitaliste sans emploi et sa femme enceinte, une équipe de baseball d’adolescents, un homme d’affaire égoïste…

La qualité du film est néanmoins d’utiliser au mieux ce principe de concentré social pour offrir une véritable allégorie politique. En proie au capitalisme à outrance, la Corée du Sud vit aussi dans l’ombre du fantôme du régime autoritaire de Park Chung-Hee qui l’a fait entrer dans la modernité des années 60 à 70. Devant des images d’émeutes mal interprétées une femme âgée peut alors remarquer que ces débordements n’auraient pas été autorisés à une autre époque. L’arrivée des zombies n’est finalement qu’un déclencheur pour faire éclater au grand jour les angoisses et tensions sociales. Si la politisation a toujours été au cœur du film de zombie depuis l’invention du genre par George Romero dans La nuit des morts-vivants, Le dernier train pour Busan a pour mérite de ne pas tomber dans l’angélisme en ce qui concerne l’issue du dilemme entre individualisme et altruisme social.




Par sa construction dramatique simple, le film de Sang-Ho Yeon évoque un autre film de train coréen, le Snowpiercer de  Bong Joon-Ho. Même pessimisme quasi-nihiliste, même inventivité de la mise en scène, notamment lorsqu’un groupe de personnages doit faire preuve d’ingéniosité afin de traverser des wagons remplis de zombies. Bien malin celui ou celle qui saura prédire lequel des protagonistes sortira indemne de ce film intense où suspens et émotions se répondent sans cesse pour notre plus grand plaisir.