3,5 / 5
Depuis les
années 2000 les zombies sont sur le devant de la scène, déclinés sous toutes
les formes possibles, de la série avec The
Walking Dead à la comédie pour adolescents avec Warm Bodies. C’est donc un peu circonspect que l’on va découvrir Dernier train pour Busan, en se
demandant bien ce que le métrage pourra encore apporter à un genre surexploité.
Au final, on se retrouve avec une nouvelle démonstration percutante de la
capacité du cinéma coréen à transcender les genres qu’il explore.
Rien de révolutionnaire
à priori dans la mise en place proposée par le réalisateur Sang-Ho Yeon et son
scénariste Joo-Suk Park. Le principe de
contamination du genre de zombie est au centre du film et ses personnages sont
au bord de l’archétype. Au bord du train où va se dérouler la quasi-totalité de
l’action, on trouve ainsi un père gérant de fonds et sa jeune fille qu’il
néglige, un anticapitaliste sans emploi et sa femme enceinte, une équipe de
baseball d’adolescents, un homme d’affaire égoïste…
La qualité du
film est néanmoins d’utiliser au mieux ce principe de concentré social pour
offrir une véritable allégorie politique. En proie au capitalisme à outrance,
la Corée du Sud vit aussi dans l’ombre du fantôme du régime autoritaire de Park
Chung-Hee qui l’a fait entrer dans la modernité des années 60 à 70. Devant des
images d’émeutes mal interprétées une femme âgée peut alors remarquer que ces
débordements n’auraient pas été autorisés à une autre époque. L’arrivée des
zombies n’est finalement qu’un déclencheur pour faire éclater au grand jour les
angoisses et tensions sociales. Si la politisation a toujours été au cœur du
film de zombie depuis l’invention du genre par George Romero dans La nuit des morts-vivants, Le dernier train pour Busan a pour
mérite de ne pas tomber dans l’angélisme en ce qui concerne l’issue du dilemme
entre individualisme et altruisme social.
Par sa
construction dramatique simple, le film de Sang-Ho Yeon évoque un autre film de
train coréen, le Snowpiercer de Bong Joon-Ho. Même pessimisme quasi-nihiliste,
même inventivité de la mise en scène, notamment lorsqu’un groupe de personnages
doit faire preuve d’ingéniosité afin de traverser des wagons remplis de
zombies. Bien malin celui ou celle qui saura prédire lequel des protagonistes
sortira indemne de ce film intense où suspens et émotions se répondent sans
cesse pour notre plus grand plaisir.
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