24/05/2016
19/05/2016
Captain America - Civil War : on passe aux choses sérieuses ?
3 / 5
Pour les superhéros au
cinéma, la période est aux doutes et remises en question. Le point de départ du
dernier film Marvel est en effet proche de celui de Batman v Superman. Comme on reprochait au héros kryptonien les
destructions occasionnées par son affrontement dans Metropolis à la fin de Man of Steel, les Avengers doivent faire
face aux dommages collatéraux de leurs interventions musclées. La bande de
Steve Rogers et Tony Stark est donc obligée de choisir entre la retraite forcée
ou le contrôle par les autorités internationales. Le retour du Soldat de
l’hiver, ancien ami de Captain America devenu assassin, vient encore compliquer
la situation.
13ème film
de l’univers cinématographique Marvel, Captain
America : Civil War est aussi le premier film de sa phase 3.
L’occasion est donc idéale pour un changement de schéma narratif qui viendrait
bouleverser la routine dans laquelle sont tombées des productions Marvel. Aprèsun second volet des Avengers confus et un Ant-Man sympathique maisanodin, les frères Russo sont les candidats tout désignés pour relancer les
enjeux dramatiques d’une série de films au long cours, et apporter des idées
nouvelles. Ils l’avaient déjà fait avec un talent certain dans Captain America : le Soldat de l’hiver,
et c’est à eux que reviendra de chapeauter le final (provisoire) de la saga Avengers en forme de dyptique prévu pour
2018 et 2019.
Et Captain America : Civil War tient ses promesses dans une
première partie plutôt bien ficelée où les scissions se font ressentir et
trouvent pleinement leurs justifications dans le camp des héros. La question du
contrôle des Avengers est difficile à trancher, et chacun des personnages
apporte des arguments valables à sa position. La caractérisation des nombreux
protagonistes est un des atouts majeurs du film, et leur gestion équilibrée
efface le mauvais souvenir laissé par l’Ere
d’Ultron. Ce traitement vaut aussi pour un Black Panther charismatique
parfaitement intégré au récit. La relative absence d’humour est aussi
salutaire, donnant l’impression que les productions Marvel sont enfin prêtes à
passer aux choses sérieuses après avoir un peu trop tiré sur la corde du
« fun ». Quelques éléments viennent bien modérer l’enthousiasme, tels
qu’un énième méchant sous-développé ou des chorégraphies de scènes d’action plus
brouillonnes que celles du Soldat de
l’hiver, mais l'optimisme est de mise.
Malheureusement le tout se gâte avec l’arrivée du personnage emblématique de Marvel, sur lequel Disney a repris la main après l’avoir laissé pendant 15 ans à Sony. Trop contents de leur coup, les studios s’en donnent à cœur joie avec un Spiderman qui enchaîne vanne sur vanne. Rien de choquant, cela fait partie de l’ADN du personnage dans les comics, mais l’ajout inopiné d’Ant-Man fait dangereusement monter le blaguomètre. Les vannes du fun sont lâchées et on a du mal à prendre au sérieux la guéguerre entre les 12 superhéros, à 6 contre 6 par le plus heureux des hasards. Comme le remarque Black Widow alors que les deux camps courent l’un vers l’autre pour s’affronter : « On va vraiment faire ça ? ». Après la blague méta flemmarde, place donc à un grand spectacle qui contient quelques bonnes idées de mise en scène mais relève au niveau dramatique du fantasme de gamin peu regardant.
Les frères Russo ont beau ranger les jouets de façon expéditive
pour un dernier acte recentré sur une poignée de personnages, le mal est fait. Marvel
Studios a encore une fois joué la carte du divertissement sans surprise ni réel
engagement, donnant une image immature et réductrice du média dont sont
inspirés leurs franchises. Malheureusement le tout se gâte avec l’arrivée du personnage emblématique de Marvel, sur lequel Disney a repris la main après l’avoir laissé pendant 15 ans à Sony. Trop contents de leur coup, les studios s’en donnent à cœur joie avec un Spiderman qui enchaîne vanne sur vanne. Rien de choquant, cela fait partie de l’ADN du personnage dans les comics, mais l’ajout inopiné d’Ant-Man fait dangereusement monter le blaguomètre. Les vannes du fun sont lâchées et on a du mal à prendre au sérieux la guéguerre entre les 12 superhéros, à 6 contre 6 par le plus heureux des hasards. Comme le remarque Black Widow alors que les deux camps courent l’un vers l’autre pour s’affronter : « On va vraiment faire ça ? ». Après la blague méta flemmarde, place donc à un grand spectacle qui contient quelques bonnes idées de mise en scène mais relève au niveau dramatique du fantasme de gamin peu regardant.
13/05/2016
La Saison des femmes : enfoirés de leurs pères !
3,5 / 5
En Inde, dans un village isolé de l’état du Gujarat, la veuve Rani s’apprête à marier son fils Gulab. Malgré les règles strictes dictées par une assemblée d’hommes, elle trouve une joie quotidienne dans ses échanges avec sa complice Lajjo, femme sans enfant d’un routier violent. A la périphérie du village se produit chaque soir sur scène son amie de longue date Bijili. La mort de sa belle-mère et l’arrivée de sa belle-fille vont petit à petit changer le destin de ces trois femmes.
En Inde, dans un village isolé de l’état du Gujarat, la veuve Rani s’apprête à marier son fils Gulab. Malgré les règles strictes dictées par une assemblée d’hommes, elle trouve une joie quotidienne dans ses échanges avec sa complice Lajjo, femme sans enfant d’un routier violent. A la périphérie du village se produit chaque soir sur scène son amie de longue date Bijili. La mort de sa belle-mère et l’arrivée de sa belle-fille vont petit à petit changer le destin de ces trois femmes.
On ne saluera jamais assez l’engagement des femmes cinéastes
révoltées qui mettent à mal les patriarcats qui étouffent leurs pays. Citons
entre autres la saoudienne Haifa Al-Mansour et son touchant Wajda, la franco-turque Denis Gamze
Ergüvenet et son énergique Mustang ou
la réalisatrice-actrice israëlienne Ronit Alkabetz récemment disparue. Leena
Yadav s’inscrit dans leur lignée et signe avec La Saison des femmes un film à la fois accablant et porteur
d’espoir.
La réalisatrice indienne déroute d’abord par la forme de son
film empruntée au cinéma commercial de Bollywood, avec chansons et numéros de
danse à l’appui. On ne peut cependant s’y tromper longtemps, et cette reprise
des conventions du cinéma national est plutôt l’outil idéal pour dénoncer
l’hypocrisie au sein de la culture des villages traditionnels. La chanson de
mariage accompagne le début de son désastre annoncé ; les numéros de
danse/chant de Bijili au contenu explicitement sexuel, qui ne resteraient que
simples provocations aguicheuses dans une production bollywoodienne, sont
suivis de passes prisées par des hommes qui délaissent leurs compagnes sans
s’en cacher.
Que veulent les héroïnes de La saison des femmes ? De quoi rêvent-elles? Leena Yadav sait
nuancer les velléités d’émancipation de chacune, et cette variation fait la
subtilité du film. Du fantasme d’une sexualité épanouie au désir de maternité,
la cinéaste accompagne de belle façon ses protagonistes dans leurs premiers pas
vers la libération d’une culture qui les oppresse. En totale empathie, nous
tremblons pour elles, serrons les poings face aux violences diverses qu’elles
subissent, nous émouvons de leurs mouvements de solidarité. On ne saurait
trouver meilleur signe que le double objectif de Yadav de nous informer et de
nous faire réagir de façon viscérale a pleinement porté ses fruits.
05/05/2016
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