24/01/2014

2013 en 10 films (10 -6)

10- The Grandmaster 


Le dernier film de Wong Kar-Wai a les honneurs de figurer dans ce top, mais il s’agit néanmoins du film le plus frustrant de l’année. Le métrage a beau être visuellement sublime, le récit des vies des légendes du kung fu Ip Man et Gong Er laisse le spectateur sur sa faim, tant des pans entiers de la narration semblent manquer, laissant notamment de côté un troisième protagoniste au potentiel narratif inexploité. Poème sensoriel envoûtant, pareil à une rêverie d’opium, The Grandmaster aurait bénéficié d’une structure narrative et d’enjeux plus clairement définis. Restent des personnages  charismatiques qui stimulent l’imagination, et un souffle lyrique digne des plus grands Sergio Leone.

Point fort : une dernière partie, construite autour de la dernière rencontre entre Ip Man et Gong Er, d’une beauté mélancolique saisissante


9- Les Garçons et Guillaume, à table ! 


Le premier film de Guillaume Gallienne, adapté de son spectacle, a été le succès français surprise de l’année avec plus de 2 millions d’entrées. Nul doute que le talent de l’acteur et l’originalité du propos de son récit ont créé un phénomène de bouche-à-oreille favorable, bien mérité. Bénéficiant d’un texte soigné, Les Garçons et Guillaume, à table ! est une comédie globalement réjouissante, à laquelle on pardonne une ou deux facilités (la scène avec Diane Kruger à la station thermale, un peu « grosse » tout de même). Là où la comédie française est souvent cynique, Gallienne livre un autoportrait certainement romancé mais d’une sincérité rafraichissante, qui se dévoile sur sa fin comme un hommage vibrant.

Point fort : Guillaume Gallienne, fabuleux acteur-narrateur


8- A Touch of Sin 


Balade passionnante à travers une Chine en proie aux tensions sociales, le film de Jia Zhang Ke propose quatre récits inspirés de faits divers violents. Si A touch of Sin ressemble au final plus à un recueil de courts métrages qu’à un long métrage homogène (peu de liens sont tissés entre ses parties), ce défaut est compensé par la force individuelle de chaque épisode. Le tableau très noir et assez glaçant, qui aurait été pesant sur a longueur, est sauvé par un ton tragi-comique (dans le premier récit avec l’ancien mineur, dans un autre avec une parade militaire grotesque) ou des élans lyriques surprenants (un feu d’artifice éblouissant, une charmeuse de serpents).

Points forts : le tableau ambitieux d’un pays en crise, la grandeur romanesque donnée aux protagonistes ordinaires des quatre récits


7- Gravity


On lui prédit une flopée d’oscars, et à raison. Par la seule force de sa mise en scène, Alfonso Cuaron parvient à créer une immersion époustouflante dans l’espace, faisant oublier toute la logistique qui a permis la création des images sublimes qu’il donne à voir au spectateur. Film techniquement impressionnant, offrant la 3D la plus convaincante à ce jour, Gravity a aussi le culot de dissimuler ses deux stars glamour sous des combinaisons d’astronautes pendant près d’une heure, ne nous faisant percevoir ses personnages que par leur seule voix. Si je suis pour ma part resté un peu extérieur au récit, que j’ai trouvé un peu trop basique et répétitif, je reconnais volontiers que l’aboutissement esthétique du film de Cuaron en a fait l’expérience cinématographique incontournable de l’année.

Points forts : un brio de mise en scène à couper le souffle, l’image de Sandra Bullock s’éloignant dans l’obscurité de l’espace (déjà un des plans les plus marquants de l’histoire du cinéma)


6- Le géant égoïste


Dans le géant égoïste, comme dans le très bon Fish Tank il y a quelques années, les chevaux représentent un rêve de fuite impossible d’un marasme social implacable : on voit là planté le décor de tout un pan du cinéma anglais, dans la lignée de Ken Loach. Le premier film de Clio Barnard retrouve un peu de la beauté désespérée de Kes, un des premiers films de Loach qui mettait en scène un jeune adolescent dont les deux jeunes protagonistes du géant égoïste sont en quelque sorte les héritiers. Peinant à s’intégrer au système scolaire, Arbor et Swifty préfèrent subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs mères désemparées en récupérant (ou en dérobant) des métaux pour le ferrailleur Kitten. D’une grande dureté, le film de Barnard prend à la gorge, dresse le tableau d’un monde impitoyable où la tendresse et la compassion n’ont plus de place. Le tout est cependant sauvé de l’austérité par l’énergie de ses deux interprètes principaux et le regard profondément humaniste de sa réalisatrice qui nous offre le dénouement le plus émouvant de l’année. Soyez prévenus, vous finirez en pleurs.

Point fort : un duo de jeunes héros inoubliables

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