04/02/2014

Minuscule - La vallée des fourmis perdues : une petite réussite pour spectateurs en herbe

3,5 / 5
Après avoir exploré le monde des jouets dans Toy Story, John Lasseter et son studio Pixar avaient fait le pari pour leur deuxième production de s’intéresser à un monde remportant  a priori bien moins les suffrages auprès du public (jeune ou adulte, d’ailleurs) : celui des insectes.  C’est le même défi que se sont lancés en 2006 Hélène Giraud et Thomas Zsabo avec la série télévisée Minuscule, avec la contrainte supplémentaire d’un refus d’anthropomorphisme qui se retrouve aussi bien dans le design des personnages que le refus de dialogues. Le succès de la série, vendue dans le monde entier, a logiquement conduit à son développement pour le cinéma, mais l’adaptation du concept en format long parvient-elle à convaincre ?


L’ouverture du film sur le décor grandiose d’une vallée donne le ton du film. Là où la série se confinait à l’espace d’une clairière, son format allongé élargit les horizons, passant pour l’occasion du 16/9 au Cinemascope. A décor plus large, récit également plus ample qui répond à l’appel de l’aventure d’une nature sauvage. En l’occurrence, il s’agit de l’épopée d’une coccinelle qui à peine sortie du cocon se retrouve séparée de ses parents : à partir de ce schéma classique, le métrage élabore une intrigue autour d’une boîte de sucre, dans laquelle se réfugie le protagoniste (il s’agit d’un mâle) et qui conduit à une rencontre avec un groupe de fourmis.

Disons-le de suite, le scénario ne brille pas par son originalité, encore moins par sa complexité : après tout, le film a vocation à s’adresser aux très jeunes (dès 3 ans). D’une part, l’absence d’anthropomorphisme voulue a pour conséquence un caractère un peu unidimensionnel des personnages. Mais aussi, à la différence des productions Pixar, on n’est pas ici face à un récit familier mais détourné que les enfants pourront apprécier au premier degré et les adultes en s’amusant du jeu avec des codes rebattus (cf leur dernier opus Monstres Academy, parodie de « college movie » qui se permet d’offrir dans son final un commentaire réjouissant sur les films d’horreur contemporains du type Paranormal Activity). Cependant, Minuscule - La vallée des fourmis perdues a quelques qualités de taille qui lui permettent de maintenir l’intérêt des plus grands (adolescents comme adultes).


Le premier attrait du film est sa technique d’incrustation d’éléments animés dans des décors réels ; le procédé  crée un effet d’immersion et donne la réelle sensation de voir le monde à travers les insectes, là où des décors en images de synthèse auraient créé une distance. Cette esthétique visuelle convaincante est alliée à la construction d’un univers sonore riche et imaginatif, qui joue des références à notre réalité quotidienne : un trafic d’insectes autour d’un pique-nique abandonné devient ainsi semblable à un embouteillage. D'autre part, Minuscule - La vallée... n’offre peut-être pas le recul propre aux productions Pixar, mais il n’en affiche pas moins de belles références : les courses entre mouches et coccinelles évoquent Le retour du Jedi, la rencontre avec un lézard fait écho à Jurassic Park… Ce jeu de références cinématographiques culmine dans un climax spectaculaire où le siège d’une fourmilière acquiert la dimension épique des batailles du Seigneur des anneaux. S’il cite plus qu’il détourne ses illustres influences, Minuscule - La vallée des fourmis perdues a finalement le mérite d’offrir aux jeunes spectateurs une introduction cinéphilique d’une grande élégance au 7ème art.

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