06/09/2014

Hercule : une modeste réussite loin des exploits herculéens

3 / 5

On attendait Hercule avec une trépidation modérée, histoire de voir Dwayne Johnson dans la peau du demi-dieu grec. L’ancien catcheur star a fait du chemin depuis se premiers pas dans Le Retour de la Momie et Le Roi Scorpion il y a dix ans, pour devenir l’acteur le plus lucratif de 2013. Cet aspect « bankable » est entièrement justifié pour l’ « action hero » le plus marquant de ces dernières années. Johnson possède le physique de l’emploi, en plus d’une autodérison qui le rend immédiatement sympathique. Quant à ses compétences d’acteur, son charisme et son intensité de jeu « fun » à regarder compensent largement ses limites.



Arnold Schwarzenegger des années 2000, Johnson a d’autant plus de mérite à avoir acquis ce statut qu’il s’est imposé seul, sans le concours des cinéastes ayant le talent de James Cameron ou John McTiernan. Hercule ne change pas cette donne : aux manettes du film, on retrouve Brett Ratner, réalisateur alternant les comédies (la série des Rush Hour) et les blockbusters de genres divers (Dragon Rouge, X-men : l’Affrontement final), un artisan honnête du système hollywoodien sans réel génie. On embarque donc pour ce qui s’annonce un péplum d’aventures décomplexé.

Le montage introductif de Hercule fait un peu peur. On assite en effet à une complilation expéditive des fameux douze travaux du héros éponyme condensés en un récit avec voix off. Cependant ce résumé est vite interrompu par la réaction incrédule de l’auditeur du récit, méchant patibulaire qu’un captif essaie d’effrayer par l’ineventaire de ces exploits. Convoqué par sa légende, Hercule arrive bientôt, sa silhouette imposante émergeant progressivement des ombres. Si cette entrée est réussie, elle est aussi théâtrale, et le spectateur découvre bientôt l’artifice derrière la force surhumaine du héros mythologique. Se réfugiant derrière l’écran d’une barricade, le supposé fils de Zeus se fait aider par une bande pour régler leur compte à ses opposants. Le projet au cœur du film est posé efficacement dans cette première scène ; il s’agit d’une déconstruction du mythe de Hercule dans une optique réaliste.



Certains spectateurs pourront se considérer alors volés sur la marchandise. Cependant ce que le film perd en affrontements titanesques contre des créatures fantastiques (déconstruites au même titre que  son héros éponyme), il le gagne en finesse dans une réflexion sur la puissance des mythes. Hercule est une figure messianique entourée de disciples, dont le rôle, plutôt que d’agir individuellement, est d’inspirer les foules qu’il rencontre, de leur donner une force collective. Le récit trouve une tension efficace entre cette image positive et le passé traumatisant qui hante le héros. A la fois convaincant en chef de troupe et en homme torturé, Dwayne Johnson se sort avec les honneurs du rôle le plus dramatique de sa carrière.


Hercule est donc moins bas du front que sa bande-annonce l’avait laissé présager. Cependant Brett Ratner et ses scénaristes n’en oublient pas pour autant de divertir le public. En plus de deux scènes de batailles épiques, le film trouve un équilibre efficace entre esprit de sérieux et légèreté. Dans le registre comique, Ian McShane est ainsi impeccable en voyant fataliste. On regrettera une résolution approximative et schématique qui privilégie l’action et le spectaculaire à la logique narrative, mais autrement Hercule est un « blockbuster » qui remplit son modeste contrat.

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