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On attendait Hercule avec une trépidation modérée,
histoire de voir Dwayne Johnson dans la peau du demi-dieu grec. L’ancien
catcheur star a fait du chemin depuis se premiers pas dans Le Retour de la Momie et Le
Roi Scorpion il y a dix ans, pour devenir l’acteur le plus lucratif de
2013. Cet aspect « bankable » est entièrement justifié pour
l’ « action hero » le plus marquant de ces dernières années.
Johnson possède le physique de l’emploi, en plus d’une autodérison qui le rend
immédiatement sympathique. Quant à ses compétences d’acteur, son charisme et
son intensité de jeu « fun » à regarder compensent largement ses
limites.
Arnold Schwarzenegger des années
2000, Johnson a d’autant plus de mérite à avoir acquis ce statut qu’il s’est
imposé seul, sans le concours des cinéastes ayant le talent de James Cameron ou
John McTiernan. Hercule ne change pas
cette donne : aux manettes du film, on retrouve Brett Ratner, réalisateur alternant les comédies (la
série des Rush Hour) et les
blockbusters de genres divers (Dragon
Rouge, X-men : l’Affrontement
final), un artisan honnête du système hollywoodien sans réel génie. On
embarque donc pour ce qui s’annonce un péplum d’aventures décomplexé.
Le montage introductif de Hercule fait un peu peur. On assite en
effet à une complilation expéditive des fameux douze travaux du héros éponyme
condensés en un récit avec voix off. Cependant ce résumé est vite interrompu
par la réaction incrédule de l’auditeur du récit, méchant patibulaire qu’un
captif essaie d’effrayer par l’ineventaire de ces exploits. Convoqué par sa
légende, Hercule arrive bientôt, sa silhouette imposante émergeant
progressivement des ombres. Si cette entrée est réussie, elle est aussi
théâtrale, et le spectateur découvre bientôt l’artifice derrière la force
surhumaine du héros mythologique. Se réfugiant derrière l’écran d’une
barricade, le supposé fils de Zeus se fait aider par une bande pour régler leur
compte à ses opposants. Le projet au cœur du film est posé efficacement dans
cette première scène ; il s’agit d’une déconstruction du mythe de Hercule
dans une optique réaliste.
Certains spectateurs pourront se
considérer alors volés sur la marchandise. Cependant ce que le film perd en
affrontements titanesques contre des créatures fantastiques (déconstruites au
même titre que son héros éponyme), il le
gagne en finesse dans une réflexion sur la puissance des mythes. Hercule est
une figure messianique entourée de disciples, dont le rôle, plutôt que d’agir
individuellement, est d’inspirer les foules qu’il rencontre, de leur donner une
force collective. Le récit trouve une tension efficace entre cette image
positive et le passé traumatisant qui hante le héros. A la fois convaincant en
chef de troupe et en homme torturé, Dwayne Johnson se sort avec les honneurs du
rôle le plus dramatique de sa carrière.
Hercule est donc moins bas du front que sa bande-annonce l’avait
laissé présager. Cependant Brett Ratner et ses scénaristes n’en oublient pas
pour autant de divertir le public. En plus de deux scènes de batailles épiques,
le film trouve un équilibre efficace entre esprit de sérieux et légèreté. Dans
le registre comique, Ian McShane est ainsi impeccable en voyant fataliste. On
regrettera une résolution approximative et schématique qui privilégie l’action
et le spectaculaire à la logique narrative, mais autrement Hercule est un « blockbuster » qui remplit son modeste
contrat.
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