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Les
deux précédents films de Darren Aronofsky, The
Wrestler et Black Swan, formaient
une sorte de dyptique, dressant les portraits individuels de deux individus
possédés par leur passion (le catch d’un côté, la danse de l’autre). Après ces
deux productions indépendantes, on retrouve avec surprise le réalisateur à la
tête Noé, mastodonte industriel au
budget de 100 millions de dollars, soit 10 fois plus que Black Swan et 20 fois plus que The
Wrestler. Pourtant, si on regarde un peu plus loin, le dernier long métrage
d’Aronofsky n’est pas sans évoquer son œuvre maudite The Fountain, projet ambitieux rejeté par le public et la presse.
On y retrouve une même atmosphère fantastique teintée de mysticisme, mais
là où The Fountain se révélait in fine agaçant de prétention et kitsch, Noé s’en sort plutôt mieux.
Au départ, Aronofsky
déstabilise par ses choix artistiques : des costumes aux créatures
proches de l’ « heroic fantasy » qui peuplent le film, le
cinéaste crée un univers visuel peu conventionnel. Il donne ainsi au récit
biblique qu’il adapte un caractère atemporel, et situe intelligemment son récit
du côté de la fable et de l’allégorie. Au-delà du spectacle des effets
spéciaux, Noé présente un réel
intérêt dans la noirceur assumée de son atmosphère (visions morbides,
cannibalisme, déluge meurtrier). Au centre du film, la figure patriarcale et
autoritaire assez ambivalente de Noé est incarnée par un Russell Crowe d’une
belle intensité autour duquel gravite un casting plus inégal.
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