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Coproduction
franco-britannique, Duo d’escrocs n’a
pas franchement de quoi enthousiasmer sur le papier. D’abord, les deux genres
auxquels on peut associer le métrage ne sont pas porteurs de grandes promesses,
voire font naître une certaine appréhension. D’un côté le genre du
« caper », comprendre film de casse avec éléments comiques prononcés,
et la comédie est assurément un genre assez risqué ; le spectateur
pardonnera difficilement à une comédie de ne pas le faire rire, et la science
du comique est tout sauf simple. L’autre
genre auquel le film se réfère, celui de la comédie de remariage, implique un
programme dramatique attendu avec passages obligés, à l’instar de la comédie
romantique dont il est dérivé.
A ces deux cadres, il faut ajouter l’élément
sans doute le plus inquiétant, celui de choisir la France comme décor de
l’action, entre Paris et la Côte d’Azur, avec tout ce que cela implique
d’imagerie carte postale et clichés divers. Même un grand réalisateur comme
Alfred Hitchcock s’y est cassé les dents avec La main au collet, « caper » kitsch assez embarassant, et
Joel Hopkins (Last Chance for Love) est loin d’avoir le génie de son
illustre compatriote. Pour toute ses raisons, on entre à une séance de Duo d’escrocs en se disant qu’au pire on
ne sera pas vraiment volé sur la marchandise ; et on en ressort le sourire
aux lèvres, satisfait d’avoir plutôt passé un agréable moment de cinéma.
Bon, pour dire la
vérité, les inquiétudes se confirment d’abord. Le premier plan essaie de vendre
la fraicheur et le dynamisme de ce que nous allons voir en s’ouvrant sur un
« shaker », mais l’alchimie ne saute pas aux yeux entre Emma Thompson
et Pierce Brosnan. Emma Thompson roule des yeux et est allergique au bouquet de
fleurs que lui offre un prétendant, on sourit timidement mais sans plus. Après
la scène d’introduction, le générique rétro type années 60 débarque,
sympathique mais un peu fait sans réelle conviction. A l’arrivée à Paris, sur
le rond point de l’Arc de Triomphe, on a même peur en reconnaissant le truc de La fureur du dragon et ses stock
shots de Rome : une voiture filmée en forte plongée roule avec les dialogues
des personnages en off, essayant de nous faire croire qu’ils sont à bord. Emma Thompson
et Pierce brosnan se sont-ils bien rendus à Paris ? Manifestement oui,
pourtant, comme l’attestent l’Arc de Triomphe ou la tour Eiffel aperçus en
arrière-plans dans les extérieurs avec les acteurs. On est un peu rassurés,
mais l’imagerie carte postale redoutée est bel et bien présente…La mise en
scène de Joel Hopkins, globalement correcte, est alourdie quant à elle de quelques
effets comiques un peu faciles de ralentis ou accélérés, répétés inutilement.
Qu’est-ce qui fait décoller le film alors, et que l’on y passe un bon moment malgré ses défauts évidents ? D’abord, le scénario de Joel Hopkins qui ne manque pas de quelques idées bien trouvées : la scène de vol obligée du « caper », notamment, est assez finement écrite pour prendre un peu le spectateur au dépourvu. Le rire tient souvent à un effet de suprise, et Duo d’escrocs sait en réserver quelques-unes. Et surtout, c’est le casting qui emmène le film. Pas les « frenchies » malheureusement : Laurent Lafitte a finalement assez peu d’occasions de briller et Louise Bourgoin manque étonnament de justesse dans son rôle, comme si elle était impressionnée par les acteurs au côté desquels elle se retrouve à jouer.
Le quatuor de britanniques
quinquagénaires s’en donne par contre à cœur joie, faisant preuve d’une
fantaisie réjouissante. On s’attache au couple d’acteurs principaux finalement
assez convaincant, mais c’est au bout du compte avant tout Emma Thompson qui
illumine Duo d’escrocs. Le charme de
l’actrice britannique tient à la fois à un naturel et à une classe qui lui
permet de traverser toutes les situations avec une grâce éblouissante, qu’elle
se déguise en américaine vulgaire ou se réveille nue auprès d’un amant deux fois plus jeune qu’elle. Il faut toujours aux bonnes comédies quelque chose
d’enchanteur, et c’est Emma Thompson qui assure la modeste réussite de Duo d’escrocs.
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