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Avec ce 3ème et
dernier volet du Hobbit vient le
temps du bilan et de la comparaison inévitable avec la trilogie du Seigneur des Anneaux. Et disons le
d’emblée, cette nouvelle trilogie se sera un peu déroulée dans l’ombre de sa
prestigieuse grande sœur. Cette impression était à prévoir étant donné le
statut de « prequel » que prend Le
Hobbit par rapport au Seigneur des
Anneaux. Conscient de cette situation, Peter Jackson avait préféré laisser
la réalisation de ce projet à d’autres avant de se trouver obligé de la
reprendre suite au désistement de Guillermo del Toro. Le résultat paradoxal de
cette tâche acceptée à contre-cœur a été la transformation d’une adpatation en
deux films du roman somme toute assez court de J.R.R. Tolkien en trilogie.
Au-delà d’une sensation de
contenu étiré, le plus gros problème de ce découpage en trois films tient à une
structure narrative bancale. Ce problème n’aura jamais été autant ressenti que
dans l’ouverture de ce dernier volet où la victoire sur Smaug, antagoniste
proncipal depuis le tout début de l’aventure, se fait en l’espace d’une
introduction certes spectaculaire mais un peu sommaire. On aurait pu aisément
imaginer un dyptique qui aurait placé la confrontation de Bilbo et des nains
avec le dragon en début de deuxième film. Cette résolution expéditive a
néammoins un avantage, celui de recentrer l’intrigue sur le destin de Thorin,
figure centrale de cet opus final.
L’obsession de Thorin pour
l’Arkenstone évoque évidemment le ressort dramatique principal du Seigneur des Anneaux. Passé cet aspect
redite, le personnage y gagne en ambiguité et en intérêt : la fragilité de
ce héros torturé nous le rend plus proche sans rien enlever de la fascination
qu’il peut exercer. Richard Armitage se révèle un choix judicieux, la présence
remarquable de l’acteur lui permettant d’incarner aussi bien les accès de folie
et les troubles de Thorin que son charisme royal. Martin Freeman reste quant à lui un des atouts maîtres du Hobbit, idéal en témoin ordinaire de
conflits historiques et extraordinaires auquel chacun pourra s'identifier.
Là où Le Seigneur des Anneaux était une fresque épique, La Bataille des 5 Armées reprend l’axe
plus intime d’Un Voyage Inattendu.
Dans cette prespective, l’ajout du personnage de l’elfe Tauriel est on ne peut
plus juste : le triangle amoureux dans lequel elle se retrouve, entre son
pair Legolas et le nain Kili auquel tout l’oppose, accroit l’investissement
émotionnel du spectateur dans la complexe bataille qui occupe la moitié du film.
Peter Jackson s’en donne alors à cœur joie, faisant preuve d’une générosité qui
ravira ou fatiguera, au choix. Si ces séquences d’action sont moins mémorables
que celles titanesques du Seigneur des Anneaux, les enjeux
individuels y sont finalement plus forts. L’issue élégiaque du récit fera alors
certainement couler quelques larmes.
Plus intense et ramassé que ces
prédécesseurs, La Bataille des 5 Armées
conclut de façon très satisfaisante les aventures de Bilbo. Que dire de
l’ensemble du Hobbit au final ? Le tout n’était pas aussi abouti que la
première trilogie de Peter Jackson, et ne bénéficiait pas du caractère innovant
de cette première entreprise. Cependant le cinéaste et son équipe (décorateurs,
costumiers, responsables des effets spéciaux…) ont su nous prouver qu’ils
savaient toujours parler à notre imagination, nous embarquant dans une épopée
qui malgré ses longueurs nous aura offert quantité de moments de véritable
magie. Ce savoir-faire, que l’on tient pour acquis et ordinaire depuis le Seigneur des Anneaux, n’en reste pas
moins exceptionnel.
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