4 / 5
Présenté entre autres aux
festivals de Sundance et Deauville, Whiplash a convaincu aussi bien les
jurys du festival qui lui ont décerné leur Grand prix que ses spectateurs qui
l’ont couronné de prix du public. Le film du jeune Damien Chazelle, pas encore
trentenaire, s’impose de fait comme un évidence ; il nous entraîne par son
rythme soutenu qui le distingue du reste d’une production indépendante
américaine souvent plus encline à la contemplation. Ce sens du timing n’est pas
surprenant chez un cinéaste ancien batteur de jazz. Son premier long métrage
resté inédit en France, Guy and Madeline on a Park bench, avait
évidemment à voir avec la musique en opérant un croisement entre l’esthétique
de John Cassavetes et les « musicals » de Vincente Minelli ou les
films de Jacques Demy. Avec Whiplash Chazelle passe de cette déclaration
d’amour à la musique à un contenu plus réaliste et dramatique, aux accents
autobiographiques.
Genre complexe et se
nourrissant de virtuosité, le jazz relève de la musique dans toute sa splendeur
mature et exerce un pouvoir de fascination auquel Chazelle a autrefois succombé.
Avec Whiplash le cinéaste nous dévoile la face cachée de la beauté de
cette musique, le travail fait de souffrance qui est à sa source.
« Success story » impossible, le film évoque à juste titre le fantôme
ambivalent de Charlie Parker, musicien génial mais aussi cocaïnomane
autodestructeur. Andrew (Miles Teller) est pris dans une logique d’ascencions
et chutes successives orchestrées aussi bien par un chef d’orchestre sadique (J.K.
Simmons) que liées à sa propre quête masochiste. Cette tension palpable fait
prendre au film des allures de thriller. L’aboutissement de ce versant du
métrage est une course contre la montre mise en scène avec une précision
hitchcockienne alors que Andrew en retard pour un concours de l’orchestre
risque de perdre sa place de batteur au profit de son remplaçant. Embarqué aux côtés du protagoniste, le
spectateur éprouve physiquement l’importance de chaque seconde, et l’issue de
la séquence n’en est que plus choquante.
Physique, voilà le terme
qui convient le mieux à la mise en scène de Damien Chazelle. Dès le premier
long plan qui découvre Andrew s’entraînant à la batterie sur un rythme
crescendo, le cinéaste présente la pratique de la musique comme une lutte
contre les limites du corps pour atteindre l’idéal du sublime. C’est une
affaire de vie ou de mort, de sueur suintant des cymbales ou de sang
dégoulinant sur les baguettes de percussion.
Ce récit sur les extrêmes
terrifiants de la passion poussée à son paroxysme trouve son point focal dans
un face-à-face entre deux personnages à la noirceur réjouissante. Le
charismatique J.K. Simmons excelle en chef d’orchestre tyrannique prêt à faire
subir toutes les tortures psychologiques à ses étudiants afin de faire éclore
un hypothétique génie du jazz. Mais c’est le nouveau venu Miles Teller qui
porte surtout le film, incarnant la
détermination obstinée d’Andrew avec toute l’intensité nécessaire. Chazelle a
l’intelligence de ne pas épargner ce protagoniste en le rendant antipathique,
suffisant avec un entourage qui reste insensible à sa quête existentielle,
allant jusqu’à la cruauté lors d’une rupture avec une fille qui pourrait être
un obstacle pour sa carrière. Andrew et son tortionnaire ne sont finalement pas
si éloignés l’un de l’autre, prêts à sacrifier une part de leur humanité pour
la beauté. Apothéose de leur bras de fer, la séquence musicale finale étirée
jusqu’à l’épuisement est d’une puissance cinématographique à couper le souffle.
Il vaut la peine de regarder ce film pour vous https://voirfilmstreaming.tv/9091-gemini-man-2019.html Un film d'action génial qui peut vous captiver, et l'intrigue dans son ensemble n'est pas mauvaise, je vous le dis, mais voyez par vous-même
RépondreSupprimer