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Fin des années 90, on attendait
plus grand chose des films d'action dont l'âge d'or semblait révolu. Aux francs
tireurs brillants qu'étaient John McTiernan et Paul Verhoeven avait succédé un
Michael Bay élevé avec MTV. Le genre de la science-fiction, s'il n'avait rien
perdu de son intelligence comme le prouvaient des films comme Dark City et
Bienvenue à Gattaca, était réservé à un public initié. C'est dans ce
contexte qu'arriva sans qu'on s'y attende Matrix, coup de génie précurseur
des adaptations super-héroïques qui allaient régner sur les écrans depuis les années 2000 jusqu'à
aujourd'hui. Les Wachowski s'étaient depuis un peu fourvoyés avec deux suites
médiocres à ce premier opus culte, mais après leur dernier né Cloud Atlas
à l'ambition et à la maîtrise bluffantes tout était pardonné. A l'heure des
adaptations, remakes et reboots, le double statut d'œuvre originale et de
« space opera » de Jupiter : le destin de l'Univers était alléchant.
Dès les origines de l'héroïne
Jupiter en prélude, le spectateur est plongé dans un univers entre
« pulp » et « comic book ». La mort de son père alors qu'il
essaie de protéger son télescope est dans la droite lignée de celles du couple
Wayne ou de Ben Parker. Les Wachowki s'embarrassent peu de réalisme pour poser
assez vite un personnage classique mais efficace de jeune femme rêvant à une
autre vie que son quotidien de femme de ménage récurant les toilettes.
Cependant, à peine sommes nous
introduits à la protagoniste que nous sommes déjà transportés sur une lointaine
planète, où de mystérieux extraterrestres conversent de « moissons ».
Après un bref retour sur le quotidien de Jupiter, on découvre bientôt des
chasseurs de prime sortis de nulle part qui s'affrontent dans une ruelle,
visiblement à la recherche de la jeune femme. On voit bien que les Wachowski
cherchent à reprendre la recette de l'introduction de Matrix où planait
un mystère autour des personnages qui entouraient le héros. Le problème c'est
qu'ici ressort dès les premières minutes une impression de fourre-tout confus,
aussi bien dans le récit que dans la forme.
La présence de
Terry Gilliam, d’abord dans l’esprit avec une séquence qui évoque la
bureaucratie absurde de Brazil puis
en tant que cameo maquillé, invite au parallèle avec l’œuvre de
ce cinéaste maudit. Si les films de Gilliam sont pour la plupart aboutis
dans leur direction artistique, leur structure narrative est souvent trop
lâche, faisant passer le spectateur d’un tableau à un autre sans une réelle
progression dramatique. Jupiter : le destin de l'Univers
souffre de ce même écueil, nous faisant voyager de planète en planète sans
prendre le temps de poser de façon satisfaisante les personnages et enjeux.
Autre filiation avec Gilliam, on retrouve chez les Wachowski un même sens du
kitsch et de l’excès d’abord réjouissant et épuisant avec un effet WTF garanti.
Avec plus de deux heures de grand spectacle baroque, on ne peut nier que Jupiter : le destin de l'Univers est un « blockbuster » à l'esprit généreux. Mais une fois la fantaisie passée sans ennui il n’en reste hélas pas grand chose. A l’exception d’un constat cinglant. Si les acteurs sont plutôt convaincants dans l’ensemble, Eddie Redmayne donne l’interprétation la plus outrée et ridicule d’un méchant vue sur les écrans depuis bien longtemps, qui lui vaudrait bien un Razzie Award en plus de son Golden Globe et de son Oscar.
Ta critique résume parfaitement l'expression "joyeux bordel" ! Par contre, pour moi, c'est pas passé "sans ennui" : on finit par voir les mêmes scènes encore et encore... Et le jeu d'Eddie Redmayne ne m'a pas dérangée tant que ça, en fait, je l'ai trouvé parfaitement raccord avec tous les trucs WTF qui se passaient autour de lui :-D
RépondreSupprimerEt dernière chose, effectivement il y a une parenté avec Brazil... et un milliard d'autres films ! Les Wachowski ont pompé de partout !