10 / Le fils de Saul
Pour son premier long métrage, le hongrois Lazslo Nemes a relevé le pari
risqué d’une immersion dans l’horreur d’Auschwitz. Le résultat est à la hauteur
de cet ambitieux projet. D’une maîtrise formelle impressionnante, Le Fils de Saul donne à réfléchir sur ce
que peut être la résistance à la déshumanisation des camps d’extermination, au
niveau collectif et individuel.
9/ Foxcatcher
Inspiré d’un fait divers qui a marqué la fin des années Reagan, le film de
Bennett Miller dépasse la simple reconstitution pour devenir une fable
d’essence américaine. Le pouvoir de l’argent et la course au succès ont
rarement trouvé une illustration plus terrifiante que dans ce thriller
psychologique. Miller sait poser une ambiance inquiétante, à la lisière du fantastique,
et dirige de main de maître Channing Tatum, Steve Carrell et Mark Ruffalo, tous
les trois extraordinaires.
8/ L’homme irrationnel
Très bon cru cette année pour Woody Allen, qui a su livrer une nouvelle
fois une relecture réjouissante de Crime
et Châtiment qui avait déjà nourri Crimes
et Délits et Match Point. Pour
cette dernière variation à la noirceur délicieuse le cinéaste new-yorkais
alterne avec maestria comédie et drame. Le charme irrésistible de Joaquin
Phoenix et Emma Stone achèvent de faire de L’homme
irrationnel un des opus les plus aboutis de son prolifique auteur.
7/ Les chansons que mes frères m’ont apprises
La sino-américaine Chloe Zhao donne tout son sens au concept de cinéma
indépendant américain en nous proposant une plongée dans une réserve
amérindienne. A travers le récit de la vie au jour le jour d’un frère et d’une
sœur, cette fiction documentaire et politique illustre la situation dramatique
dans laquelle se trouvent les natifs américains tout en nous présentant aussi
quelques sublimes lueurs d’espoir. Passé un peu inaperçu lors de sa
sortie, toujours sans distributeur aux
Etats-Unis, Les Chansons que mes frères
m’ont apprises est un film à découvrir d’urgence.
6/ Mustang
Le film de Deniz Gamze Ergüven a séduit aussi bien la critique que le
public, engrangeant 450 000 entrées. Et en effet difficile de ne pas être
touché par l’histoire de ces jeunes beautés turques qui se voient privées de
leur liberté par une société patriarcale et conservatrice. Si certaines scènes
évoquent la mélancolie de Virgin Suicides,
c’est bien l’énergie de Bande de filles
qui habite plutôt ce magnifique film engagé.
5 / Taxi Téhéran
Comment continuer à être un artiste malgré la censure de son pays ? C’est
la question que doit se poser au quotidien l’iranien Jafar Panahi, interdit de
réaliser ou de quitter son pays depuis 2010, et à laquelle il a répondu de
façon éclatante avec Taxi Téhéran
cette année. Se faisant passer pour un chauffeur de taxi, le cinéaste s’est mis
en scène et a tourné clandestinement une œuvre hybride et ludique où
documentaire et fiction sont entremêlés. On ne peut rêver plus beau pied de nez
aux autorités iraniennes que ce film brûlot qui fait se côtoyer harmonieusement
gravité et burlesque.
4/ Star Wars : le Réveil de la Force
C’est peu dire que la suite des aventures de Luke Skywalker, Han Solo et
Leia était attendue par une génération de fans qui en avaient rêvé depuis leur
enfance. Au final, J. J. Abrams a livré un blockbuster qui ne révolutionne pas
la saga créée par George Lucas mais dont la forme est quasiment irréprochable.
On est conquis par une galerie de nouveaux personnages tous bien dessinés,
qu’on est impatients de retrouver dans les futurs épisodes.
3/ Notre petite soeur
Après Still Walking, I Wish : nos vœux secrets et Tel père, tel fils, Hirokazu Kore-eda
signe une nouvelle fois un « feel good movie » d’une beauté
bouleversante. Le regard profondément bienveillant du cinéaste japonais sur ses
personnages, sa mise en scène précise et délicate font des merveilles dans un
métrage à la douceur rare et précieuse. Ce n’est qu’à regrets, les larmes aux
yeux, que l’on quitte la communauté attachante de femmes dont on a partagé le
quotidien enchanté dans Notre petite sœur.
2/ Vice-Versa
Depuis leurs débuts, les studios Pixar se sont distingués par leur capacité
extraordinaire à nous émouvoir. Rien d’étonnant donc à ce que leur dernier né
soit l’expérience de cinéma vécue le plus intensément cette année. On ressort
de cette catharsis complètement vidés, mais surtout admiratifs face à la
puissance d’imagination de Pete Docter et ses scénaristes qui ont transformé
brillamment le cerveau d’une adolescente en territoire d’aventures
spectaculaires.
1/ Les Mille et Une Nuits
Comment faire suite au splendide Tabou, sacré meilleur film de 2012 sur
ce blog ? Le portugais Miguel Gomes n’a proposé rien de moins qu’une fresque à
l’échelle nationale. Il est facile de se perdre dans les trois volets touffus
de ces Mille et Une Nuits, le
cinéaste laissant au spectateur le travail d’établir le lien entre les
différents épisodes réalistes ou fantasmagoriques qui composent son œuvre. Fort
heureusement Gomes est un raconteur et un créateur de formes hors pair, ce qui
rend son film somme l’objet de cinéma le plus passionnant de l’année.
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