Ant-Man : 3 / 5
Avengers :
l’ère d’Ultron met en
relief les faiblesses inhérentes au projet de l’univers cinématographique
Marvel. Car au lieu de se contenter de raconter une histoire, les films qui le
composent doivent faire avec un cahier des charges encombrant, celui
d’installer les métrages qui vont leur succéder. Cette stratégie était au
départ enthousiasmante. Nul doute que l’intérêt d’ Iron Man, Hulk, Thor ou Captain America était renforcé par la promesse de la réunion de
leurs héros dans un Avengers épique
qui n’a pas déçu. Mais avec le temps s’installe une lassitude certaine devant
des films qui regardent trop ailleurs, vers la suite, pour réellement
passionner par leurs récits ressentis comme anecdotiques dans un grand schéma
narratif.
Que se passe-t-il dans Avengers : l’ère d’Ultron ? On y rencontre de nouveaux
personnages intrigants qui sont appelés à être développés et à jouer un rôle
central plus tard, on voit naitre des conflits entre les héros qui ne se
concrétiseront que plus tard, on voit l’équipe vaincre un ennemi sous-exploité en
attendant l’arrivée d’une menace ultime qui prend tout son temps pour se
dévoiler. Plus qu’un film, on a donc plutôt droit à un épisode de série
télévisée, ce qui ne poserait pas de problème si on n’avait pas à attendre une
année pour avoir le reste des bribes de la « grande épopée » conçue
dans l’esprit de Kevin Feige, et si le spectacle ne coûtait le prix d’une
entrée de cinéma.
Reconnaissons qu’Avengers :
l’ère d’Ultron remplit globalement sa fonction de divertissement et
contient quelques idées de mise en scène, mais on est loin de retrouver l’efficacité
du premier opus. Le récit est décompressé et confus, certaines scènes d’action sont
rendues illisibles par des effets numériques omniprésents ou des montages trop
rapides, et l’ensemble laisse l’impression d’une platitude formelle. Le
résultat des compromis entre Joss Whedon et Kevin Feige est finalement une
œuvre fade, pareille à un épisode de série de remplissage en attendant mieux.
Sans être exempt de défauts, le sympathique Ant-Man permet à Marvel Studios de
rattraper un peu ce ratage. Le film de Peyton Reed gagne sur l’Ere d’Ultron en revenant sur ce qui fait
la force de Marvel au cinéma comme en bandes dessinées, à savoir l’humanité de
ses héros qui les rend proches du spectateur ou lecteur. Tandis que la licence
« Avengers » peine à ménager un espace satisfaisant pour ses nombreux
protagonistes, Scott Lang, le héros de Ant-Man,
est un « loser » attachant, un repris de justice dont l’objectif de
rédemption provoque une empathie immédiate.
L’introduction à ses côtés de personnages de la
myhtologie Marvel, en premier lieu Hank Pym, homme-fourni (Ant-Man) d’origine
incarné par un Michael Douglas impérial, suffit à suggérer la richesse d’un
univers de fiction à explorer. L’apparition inattendue d’un personnage
récurrent de l’univers cinématographique Marvel au sein de l’intrigue permet de
retrouver le plaisir d’une continuité avec les autres films sans qu’elle
handicape le déroulement d’ Ant-Man. Crédité
en tant que coscénariste du film, Edgar Wright y a laissé un peu de son esprit
« geek » servi admirablement par un Paul Rudd épaulé d’une belle
bande de délurés, l’hilarant Michael Peña en tête.
Là où les séquences d’action du second volet d’Avengers manquent de légèreté à
vouloir toujours plus en imposer par leur échelle démesurée, les chorégraphies
gracieuses d’Ant-Man explorent avec
fantaisie le concept de son héros capable de rapetisser et de commander les
fourmis. Si l’on ajoute au tout une pointe d’émotion, il n’y a pas vraiment
lieu de se plaindre du film de Peyton Reed, si ce n’est au sujet d’un
antagoniste hélas encore une fois pas à la hauteur.
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