3,5 / 5
Après plus de quarante ans de
carrière et autant de films à son actif, Woody Allen avait prouvé avec
l’excellent Blue Jasmine la vivacité intacte
de son cinéma. Cate Blanchett était pour beaucoup dans cette réussite et son
couronnement par les Oscars s’imposait comme une évidence. Mais c’est aussi la
maîtrise de la structure complexe au cœur du film qui impressionait, Allen
faisant preuve d’une rigueur d’écriture comparable à celle de ses chefs d’œuvre
de la deuxième moitié des années 80. Suite à cette grande œuvre, Magic in the Moonlight a des allures de
charmante récréation.
Woody Allen s’accorde en fait
avec cette cuvée 2014 le plaisir de vivre la même expérience que le héros de Minuit à Paris qui se trouvait propulsé
par magie dans le Paris des années 20. Ici, le spectateur est transporté en
1928 dans le cadre enchanteur d’un Sud de la France dont la lumière chalereuse
est transcendée par le travail de Darius Kondji. On y suit l’enquête de
Stanley, un illusioniste anglais (Colin Firth), qui cheche à démasquer une
jeune américaine médium, Sophie (Emma Stone). Le héros masculin, dans sa rigidité et
son refus catégorique de l’irrationnel, a quelque chose de Sherlock Holmes,
mais c’est du côté d’Agatha Christie que de Conan Doyle que va se poursuivre le
récit dans une atmosphère « british » décontractée.
Comédie plaisante et bien menée, Magic in the Moonlight a l’inconvénient
de réserver finalement assez peu de surprises. Le charme opère plutôt par les
dialogues brillants auxquels Woody Allen nous a habitués, et par le couple
Colin Firth / Emma Stone qui donne à voir une variation efficace du duo Rex
Harrison / Audrey Hepburn de My Fair Lady.
A la recherche de l’enchantement ressenti à la vision de films américains des
années 30, l’auteur ne renoue certes pas avec l’émerveillement de tous les
instants de sa Rose Pourpre du Caire ;
néammoins il en retrouve ponctuellement la beauté lors de la découverte éblouissante
d’un ciel étoilé ou dans une scène touchante où le jadis sceptique Stanley s’en
remet à Dieu dans un instant de faiblesse. Comme Sophie qui résiste à l’analyse
rationnelle, le film se situe alors au-delà d’une simple analyse critique
réductrice. Autant simplement donc se laisser guider par un auteur qui à force
de pratique est passé magicien du 7ème art.
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