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Etrange choix du jury de Cannes
d’avoir remis le prix d’interprétation à Juliane Moore pour Maps to the Stars, en refusant à Marion
Cotillard une récompense qui s’imposait pour Deux jours, une nuit. Non pas que Juliane Moore soit une mauvaise
actrice, loin de là : ses différentes performances, de The Hours à Loin du Paradis en passant par le culte The Big Lebowski et le méconnu Safe,
juqsqu’au récent Don Jon qu’elle
illumine de sa présence, en font au contraire une des actrices les plus intéressantes
du cinéma américain. Mais le rôle caricatural et grotesque qu’elle joue dans Maps to the Stars n’est pas franchement
à la mesure de son talent, et ne sauve pas de l’ennui le dernier opus
interminable de David Cronenberg.
Le métrage précédent du cinésate
canadien, Cosmopolis, n’était déjà
pas palpitant au niveau narratif et se résumait à une série de discussions
assez absonces sur le monde moderne, mais le film avait au moins pour lui le
mérite de dégager une certaine fascination, entre le dispositif esthétique du cocon
high-tech de la limousine dans laquelle naviguait Robert Pattinson et la
bande-son hypnotique de Howard Shore. De passager trader, Pattinson est relégué
pour Maps to the Stars au statut de
chauffeur-acteur aspirant scénariste, un des multiples protagonistes qui
peuplent le film choral de Cronenberg. On y retrouve entre autres une actrice
vivant dans l’ombre de sa défunte mère (Moore), un coach de vie gourou (John
Cusak), un enfant star dépravé et Agatha, une mystérieuse jeune brûlée (Mia
Wasikowska).
Le problème du film est que mis à
part le personnage d’Agatha, aucun des personnages ne semble trouver grâce aux
yeux de Cronenberg et son scénariste. Le reste des protagonistes ont en commun
une monstruosité intériorisée, qui si elle est d’abord amusante s’avère
rapidement répétitive et lassante. La charge farcesque anti-Hollywood du film
manque cruellement de finesse en se focalisant sur la petitesse des « has
been » ou les charlatans qui gravitent autour de Los Angeles. On cherchera
en vain un quelconque reste de l’Hollywood machine à rêve qui avait nourri le
chef d’œuvre d’un autre David cinéaste culte, Mulholland Drive. Chez Lynch on ressentait le désir et la
fascination ; chez Cronenberg il n’y a que du mépris.
Maps to the Stars est donc une œuvre cynique sur Hollywood, mais
très loin des réussites du genre que sont The
Player ou Swimming with Sharks.
Mis en scène platement, le film de Cronenberg se soucie assez peu d’enjeux
dramatiques et suit son bonhomme de chemin, s’intéressant à un personnage puis
à un autre, avant un dernier acte précipité peu satisfaisant. Mise en abyme
(consciente ou non) du projet du cinéaste et de son scénariste, une des scènes
finales a recours à des effets spéciaux d’une laideur hallucinante, tout juste
à la hauteur des balbutiements infographiques des années 80. Maps to the Stars serait donc finalement
un film sur la laideur et le mauvais goût, mais d’une platitude lisse qui
laisse indifférent.
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